Un briefing d’avant course de l’équipe de l’Armée de Terre se tient dans le bus garé proche de la ligne de départ. Moment à usage tactique qui a pour but de délier une situation virtuelle de course tout en galvanisant les troupes qui partent pour la gagne. La prise de parole de l’un des directeurs sportifs au port altier surnommé « l’adjudant » tient plus d’un discours militaire sous forme d’injonctions et de discipline que d’une ordonnance sportive sans l’ordre de rompre les rangs.
-Bon les gars ! Aujourd’hui y’en a un à l’avant. C’est impératif ! Quand l’échappée est formée, y’en a un dedans ! On n’abandonne pas tant qu’on n’a pas placé l’un des nôtres.
-Oui mon adjudant !
-Pas la peine d’essayer de se faire la malle tout seul. De jouer au furet. Inutile d’y aller en éclaireur, de faire le loup solitaire, la mission est trop dure pour un seul homme de notre bataillon.
-Oui mon adjudant !
-Le but est de participer avec l’ennemi, d’aller le plus loin possible et de faire en sorte qu’on ait la victoire au bout. En territoire conquis.
-Oui mon adjudant !
-Celui qui sera devant en tenue de combat passe des relais appuyés sans calculer son effort. Il participe activement à l’avancée du groupe. On verra la stratégie à développer à quelques bornes de l’arrivée seulement. On cohabite, on participe, on consolide !
-Oui mon adjudant !
-Quand vous viendrez aux voitures les gars, les rétros extérieurs, c’est pas pour se regarder dedans ! On n’est pas des jeunes filles !
-Oui mon adjudant !
-Si l’échappée va jusqu’au bout et que la pointe de vitesse de celui qui est dans le paquet ne lui permet pas de rivaliser avec les autres, qu’il tente le tout pour le tout et ne s’avoue pas vaincu avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée. Notre devise vous le savez tous ici c’est « Tête baissée, tue l’pédalier ! »
-Oui mon adjudant !
-Et n’oubliez pas, si l’un de vous sort victorieux de cette guerre aujourd’hui, qu’il évite de trop se rapprocher des hôtesses sur le podium protocolaire. Je vous rappelle que vous êtes en service jusqu’au bout !
-Oui mon adjudant !
-Vous êtes la fierté de la nation à pédales !
-Oui mon adjudant!
-Est-ce qu’il y a des questions ?
-Non mon adjudant !
-Comment sont vos jambes aujourd’hui mes garçons ?!
-Rasées de frais, mon adjudant !
Sur le terrain trés terre à terre, non pas de l’armée de Terre mais de la réalité deux digressions : Quand le Colonel Richard Marillier posait à un jeune coureur la question: » de quoi sont les pieds ? « , la recrue devait répondre : « L’objet de soins constants »…S’agissant de podium, j’ai observé, lors des derniers championnats de France sur piste à Bordeaux, le jeune Adrien Thomas de l’Armée de Terre, beau coureur, assez peu mis en lumière ici, mais notamment vainqueur de l’omnium : des trois sur le podium, il était le seul qui posait la gerbe à ses pieds pour écouter l’hymne au garde-à-vous…Observation assez semblable hier pour L’allemand Tony Martin sur le podium, contrairement aux deux autres…Le troisième Castroviejo, par contre, par oubli du protocole au Qatar, a réussi à serrer furtivement la main à l’hôtesse en burqa qui lui remettait son bouquet…Notre espagnol est-il un chaud lapin ? J’espère qu’il pourra rentrer en Espagne sans difficultés !