
Une démonstration de force en pleine trêve. Alors que le peloton profite des fêtes, Tadej Pogacar a envoyé un message sans équivoque sur les pentes espagnoles du Coll de Rates. Le double vainqueur du Tour de France a non seulement battu son propre record, mais il a aussi fracassé un plafond symbolique : les 12 minutes. Une performance qui révèle une condition hors norme et annonce des ambitions démesurées pour l’année à venir.
Lire aussi : Tour de France 2026. Pourquoi ce parcours inédit va mettre le feu au classement général dès Barcelone ?
L’exploit pur : 11’57 de frisson sur le Mur de Calpe
Ce n’est pas qu’un simple record Strava. C’est une déclaration de guerre amicale entre coureurs pros. Ce vendredi 19 décembre 2025, Tadej Pogacar (UAE Team Emirates XRG) a transformé l’emblématique Coll de Rates, près de Calpe, en laboratoire de sa propre puissance. Son chrono final : 11 minutes et 57 secondes. Vingt-quatre secondes arrachées à son précédent record, établi un an plus tôt.
Lire aussi : Le cercle très fermé. Qui a réussi à battre Tadej Pogačar en 2025 ?
Des chiffres de la folie
Distance : 6,4 kilomètres. Dénivelé moyen : 5,5%. Vitesse moyenne : 32,3 km/h. Un chiffre qui donne le vertige sur une telle pente. Exploit : Premier coureur de l’histoire à passer sous la barre mythique des 12 minutes sur ce segment ultra-fréquenté.
Cet exercice, réalisé au cœur d’une sortie d’entraînement de 226 kilomètres, dépasse l’entendement. Il place la nouvelle référence à un niveau stratosphérique, loin des repères habituels du monde professionnel.

Coll de Rates : Pourquoi cette montée est un thermomètre du peloton
La mecque de l’entraînement hivernal
Le Col de Rates n’est pas une ascension anonyme. Chaque hiver, il se transforme en vitrine à ciel ouvert de la forme des champions. Des dizaines d’équipes WorldTour y ancrent leurs camps. Chaque temps, chaque effort y est scruté, comparé, analysé. Détenir le KOM (King of the Mountain) ici, c’est posséder un trophée d’une immense valeur symbolique dans le microcosme cycliste.
Avant l’ère Pogacar, le record appartenait au puissant rouleur danois Peter Øxenberg (INEOS Grenadiers) en 12’38. En 2024, le Slovène avait déjà ébloui en s’emparant du segment et en abaissant la marque à 12’21. Sa dernière performance, 41 secondes plus rapide que l’ancien record d’Øxenberg, dessine un nouveau territoire de la performance.
Le silence assourdissant de Pogacar : stratégie ou humilité ?
Un message crypté pour le peloton
Le plus frappant, après la performance elle-même, est le silence qui l’a entourée. Sur Strava, Pogacar s’est contenté d’un laconique « Joyeux Noël et bonne année » accompagné de l’activité de 226 km. Aucune mention du record, aucune fanfaronnade.
Cette discrétion est lourde de sens. Elle peut être interprétée comme :
Une forme d’humilité calculée : le record n’est qu’une étape dans une préparation plus vaste.
Un message psychologique : la démonstration est si claire qu’elle n’a pas besoin de commentaires. Le chrono parle pour lui.
La marque d’un champion focalisé : l’objectif n’est pas Strava, mais le Tour de France 2026 et la reconquête du maillot jaune.
Ce que ce record nous dit de la saison 2026 de Pogacar
Une condition physique précoce et alarmante
Réaliser un tel effort en décembre, en plein bloc de préparation foncière, est un indicateur brutal. Cela suggère une base physique exceptionnelle, une puissance déjà très affûtée, et une gestion de la forme en avance sur le calendrier traditionnel.
Des objectifs démesurés en point de mire
Cette démonstration sur une montée de 6km à 5,5% n’est pas anodine. Elle envoie un signal à tous ses rivaux, et particulièrement à Jonas Vingegaard (Team Visma | Lease a Bike), son principal adversaire sur le Tour. Le message est clair : Pogacar aborde 2026 avec une soif de revanche décuplée et une arme de guerre : une puissance explosive renouvelée, capable de frapper tôt et fort, même sur des ascensions relativement courtes.
Le Coll de Rates a été le théâtre d’une performance historique. Au-delà des chiffres, Tadej Pogacar a rédigé, avec ses pédales, un premier chapitre saisissant pour la saison 2026. Un chapitre qui sonne comme un avertissement pour l’ensemble du peloton. La chasse au KOM est close. La chasse au maillot jaune, elle, vient de prendre une nouvelle dimension.

