Le mardi 21 juillet 2026, le Tour de France reprend après une journée de repos. Sur 26 kilomètres chrono, entre Évian et Thonon, la Grande Boucle invente un cocktail inédit : un tiers de plat, un tiers de montée, un tiers de descente. Loin d’être une formalité, cette étape en Haute-Savoie pourrait redessiner le classement général. Analyse d’un profil sournois.
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La Grande Boucle aime les symboles. En 2026, pour sa 113e édition, elle choisit de lancer ses hommes contre la montre entre deux villes d’eau, Évian-les-Bains et Thonon-les-Bains. Mais ne vous y trompez pas : derrière ce décor lacustre idyllique se cache l’une des épreuves chronométrées les plus exigeantes de ces dernières années. Un « triathlon cycliste » où rouleurs, grimpeurs et descendeurs devront tous donner leur mesure.
Un cocktail à trois facettes pour un chrono explosif
Christian Prudhomme, le directeur du Tour, ne s’y est pas trompé. L’ancien journaliste de France Télévisions décrit un parcours « qui n’a rien d’une promenade ». Le profil, dévoilé ce jeudi, est une équation complexe sur 26 kilomètres. L’ascension de la côte de Larringes, longue de 9,7 km à 4,3%, en constitue le cœur battant. Elle représente à elle seule 37% du trajet en pente positive. Un effort long et régulier qui évoque davantage un mur alsacien qu’une bosse de Provence.
Mais l’originalité ne réside pas là. Elle est dans l’équilibre presque mathématique du tracé : un tiers de montée, un tiers de plat, un tiers de descente. Une symétrie trompeuse. « Un cocktail explosif que seuls les coureurs-rouleurs complets peuvent digérer » prévient Prudhomme. Cette étape ne sacrera ni un pur spécialiste du contre-la-montre plat, ni un grimpeur émérite. Elle exigera une polyvalence absolue.
Lac Léman : un décor sublime pour une bataille impitoyable
Le paysage, lui, est une carte postale. Les coureurs évolueront en bordure du lac Léman, avec des points de vue spectaculaires depuis les hauteurs. Le départ sera donné à Évian, ville emblématique du Tour, présente dès 1926. Le parcours filera ensuite par Neuvecelle et Champanges avant d’attaquer la rude côte de Larringes.
Après le sommet à Féternes, une descente technique d’une dizaine de kilomètres attend les coureurs. Elle mènera au pont de la Douceur – un nom ironique avant l’effort final – pour une arrivée à Thonon-les-Bains. Cette ville, deuxième de Haute-Savoie, accueille le Tour pour la onzième fois. Un final urbain qui promet des fractions de seconde décisives.
Enjeux tactiques : qui peut triompher sur ce profil hybride ?
Cette étape arrive à un moment charnière : après un premier week end alpin et une journée de repos. Les « battus des cimes », comme les appelle Prudhomme, auront-ils récupéré ? Les leaders devront gérer leurs ressources avec une précision d’horloger.
Ce contre-la-montre récompensera un profil rare : celui du coureur complet. Pensez à des coureurs capables de maintenir un effort aérobie soutenu en montée, de prendre des risques en descente et de garder une position aérodynamique optimale sur le plat. Les grands favoris du général ne pourront pas se contenter de limiter les dégâts. Il faudra y aller chercher du temps.
Historiquement, les contre-la-montre en fin de deuxième semaine sont des charnières. Ils redistribuent souvent les cartes. Avec ce parcours accidenté, les écarts pourraient être plus grands qu’anticipé. Une minute perdue ici pèserait lourd dans la course au maillot jaune, à quelques jours seulement des Pyrénées.
Plus qu’un simple chrono, l’étape Évian-Thonon s’annonce comme une épreuve de vérité. Elle s’inscrit dans la tendance actuelle du Tour à concevoir des contre-la-montre moins prévisibles, plus spectaculaires. Le 21 juillet 2026, sur les rives du Léman, ce ne seront pas les plus forts en côte ou les plus rapides sur plat qui l’emporteront. Ce sera le plus complet. La course vers Paris pourrait bien se jouer, en définitive, dans ce laboratoire tactique haut-savoyard.


