128 kilomètres. 3 500 mètres de dénivelé. Une ascension légendaire. La 19e étape du Tour de France 2026, entre Gap et l’Alpe d’Huez, est un condensé de tactique et de souffrance. Court, intense et découpé en trois séquences, ce tracé vise à disloquer le peloton bien avant les 21 virages. Décryptage d’une journée conçue pour créer le coup de théâtre.
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Un format court pour une intensité maximale
Le Tour de France 2026 innove. Pour la première fois, l’ascension de l’Alpe d’Huez sera abordée deux jours de suite. Ce vendredi 24 juillet, le premier volet se présente sous la forme d’une étape explosive : seulement 128 km pour avaler 3500 m de dénivelé positif. Une distance ramassée qui promet un rythme élevé d’un bout à l’autre, sans période de répit. Christian Prudhomme, le directeur du Tour, l’a affirmé : le tracé est « ultradynamique ». L’objectif est clair : pousser les favoris à s’exprimer très tôt et peut-être « rebattre les cartes sur deux jours ».
Séquence 1 : L’embrasement dès le départ depuis Gap
Le signal de départ sera donné à Gap, ville-étape pour la 28e fois. L’effort ne se fera pas attendre. Dès les premiers kilomètres, la route s’élève vers le col Bayard (1246 m). Ses 5,1 km à 7,2% constituent une mise en jambe exigeante. C’est ici, dans cette montée de 1ère catégorie, que la journée peut basculer. Les équipes ambitieuses pourraient imposer un tempo infernal pour créer une sélection précoce et lancer leurs hommes dans l’échappée.
Sans véritable descente réparatrice, le peloton enchaînera immédiatement avec le col du Noyer (1164 m). Plus court (7,2 km) mais plus raide (8,5% de moyenne), ce col hors catégorie est un broyeur. C’est l’endroit parfait pour achever de disloquer un peloton déjà mis à mal. Seuls les plus forts résisteront à ce double uppercut en ouverture d’étape.
Séquence 2 : Le piège de la transition et du col d’Ornon
Après cette entrée en matière brutale, s’ensuivent environ soixante kilomètres de transition, majoritairement en descente et faux-plats descendants. Une séquence trompeuse. Elle ne sera pas du repos, mais une course contre-la-montre par équipes pour repositionner les leaders et rattraper les éventuels fuyards. La fatigue accumulée se fera sentir.
L’ultime difficulté avant le final mythique est le col d’Ornon (1731 m). Classé en 1ère catégorie (5,4 km à 6,4%), il peut servir de tremplin pour une dernière attaque à distance. Un coureur en forme pourrait tenter de partir seul ici, obligeant les favoris à engager la poursuite avant même d’aborder l’Alpe d’Huez, les vidant de leurs forces.
Séquence 3 : Le final légendaire vers l’Alpe d’Huez
Le piège se referme après un passage rapide dans la vallée, au Bourg-d’Oisans. Commence alors la montée la plus célèbre du monde : les 13,8 km à 8,1% de l’Alpe d’Huez et ses 21 virages numérotés. Chaque tournant a son histoire, de Coppi (premier vainqueur en 1952) à Pidcock (dernier en date en 2022). Cette 33e visite du Tour sur ces pentes sera particulière.
La fatigue extrême des 100 premiers kilomètres rendra cette ascension encore plus sélective. Les écarts se creuseront sur les pourcentages les plus durs, comme dans le virage n°10 (la célèbre portion à 11%). La stratégie sera cruciale : faut-il attaquer dans l’Ornon pour arriver isolé au pied ? Faut-il attendre le pied du mur pour lancer son assaut ? Les équipes devront gérer leurs ressources avec une précision extrême.
Une étape conçue pour l’audace
Cette 19e étape est un chef-d’œuvre de design tactique. En juxtaposant des cols difficiles en première partie et un final légendaire, les organisateurs ont créé un terrain de jeu parfait pour les puncheurs-grimpeurs et les leaders audacieux. Elle récompensera non seulement la force pure, mais aussi l’intelligence de course et la capacité à souffrir très longtemps.
Avec une seconde arrivée à l’Alpe d’Huez prévue le lendemain par le col de Sarenne, les coureurs devront aussi calculer leurs efforts pour le weekend alpin. Celui qui remportera cette première manche posera un jalon psychologique décisif. La course au général peut se jouer, ou se déjouer, dans ces 128 kilomètres de feu.


