À 40 ans, sans contrat et convalescent, la légende Chris Froome a refusé de sceller son destin à Monaco. Entre hommage prémonitoire et silence calculé, le quadruple vainqueur du Tour de France maintient le cyclisme mondial en haleine. Décryptage de ses déclarations et de l’impasse qui précède une annonce historique.
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Un hommage en forme d’au-revoir ? Froome face à ses fantômes à Monaco
Le sentiment était étrange, mercredi soir à Monaco. Sur la scène de la présentation de la Vuelta 2026, les organisateurs ont offert un vibrant hommage vidéo à Chris Froome, célébrant ses victoires en 2011 et 2017. Un moment lourd de sous-entendus, presque funèbre. Pour la légende vivante du cyclisme, cet éloge public résonnait comme une épitaphe anticipée. Pourtant, le Britannique, stoïque, n’a pas flanché. Il a savouré les images de sa gloire passée, notamment de l’ascension mythique de la Peña Cabarga, tout en gardant ses cartes près du corps. Ce moment de nostalgie collective a posé une question brûlante : la peloton venait-il de dire adieu à l’un de ses géants ?
L’échéance implacable : « Dans les deux prochains mois »
Face aux journalistes, Froome a levé un coin du voile sur son timing. La réponse est tombée, précise et médicale : « Dans les deux prochains mois ». Cette date butoir n’est pas anodine. Elle est directement liée à son rétablissement. « Je sors tout juste de l’hôpital, il s’agit donc pour moi de me rétablir » a-t-il insisté, rappelant que sa priorité absolue n’est pas un contrat, mais sa santé. Une sagesse forgée dans la douleur après son grave accident d’août dernier.
L’accident qui a tout changé : Convalescence vs. carrière
Retour sur le drame qui a failli lui coûter la vie. Fin août, percuté par une voiture à l’entraînement, Froome a subi un traumatisme violent : pneumothorax, cinq côtes fracturées, fracture d’une vertèbre lombaire et, plus grave, une déchirure au cœur. Cette dernière blessure, potentiellement mortelle, a nécessité une intervention chirurgicale d’urgence et une troisième opération récente. « Ces derniers mois, je n’ai fait que des allers-retours à l’hôpital », a-t-il confié, détaillant un calvaire qui a éloigné le vélo de ses préoccupations immédiates.
Un retour progressif sur le vélo
Mi-novembre, un rayon d’espoir. Sur Instagram, un Froome souriant a posté une photo de lui « faisant tourner les jambes » à l’extérieur. « Chaque revers donne une leçon. Celui-ci m’a rappelé de ralentir » écrivait-il. Ce retour symbolique contraste avec l’incertitude professionnelle. Son corps réapprend, mais son avenir dans le peloton, lui, reste un mystère.
Sans équipe à 40 Ans : Le marché des transferts L’ignore-t-il ?
La situation contractuelle de Froome est sans équivoque. Son contrat avec Israel-Premier Tech (devenue NSN Cycling Team pour 2026) n’a pas été renouvelé. À 40 ans, il est donc libre de tout engagement dans un marché des transferts 2026 déjà très actif. Interrogé sur d’éventuels contacts avec d’autres structures, il a botté en touche : « Les gens le sauront bien assez tôt. » Un silence qui alimente toutes les spéculations : recherche d’un dernier défi, rôle d’ambassadeur, ou retraite pure et simple ?
La Vuelta 2026 : Le parcours « Terrible » qui le fascine encore
Malgré les doutes sur son propre avenir, Froome a analysé avec acuité le parcours de la Vuelta 2026. Son verdict ? « Une édition terrible ». Il salue la capacité des organisateurs à « rendre chaque édition plus difficile » et pointe un défi majeur : la chaleur étouffante du sud de l’Espagne en août. « Il fera de plus en plus chaud tout au long du parcours » a-t-il alerté, prouvant que l’œil du stratège est toujours aussi affûté.
La dernière ligne droite : Retraite ou dernier tour de piste ?
Alors, adieu ou au-revoir ? Chris Froome maîtrise parfaitement la suspense. « J’ai des idées assez claires, mais je ne suis pas encore prêt à faire des annonces » a-t-il déclaré, gardant le contrôle sur la narration de sa propre carrière. Il promet : « Quand je le serai, vous le saurez. Je ne manquerai pas de le faire savoir à tout le monde. »
Entre l’hommage de la Vuelta, un corps à reconstruire et un marché du cyclisme qui semble avoir tourné la page, tous les signaux pointent vers une fin de carrière historique. Mais Chris Froome a toujours excellé dans l’art de surprendre. Sa convalescence est son seul calendrier. La balle est dans son camp. Le monde du cyclisme retient son souffle et attend, dans les deux mois à venir, l’annonce qui marquera la fin d’une ère.


