Dopage et Passeport Biologique : Carvalho Ferreira écope de 4 ans de suspension, un nouveau séisme pour le cyclisme portugais

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Dopage et Passeport Biologique Carvalho Ferreira école de 4 ans de suspension un nouveau séisme pour le cyclisme portugais
Image : @W52_FCPorto_archives

L’Union Cycliste Internationale (UCI) vient de tomber comme un couperet. Le Portugais António Carvalho Ferreira, 36 ans, est suspendu pour quatre ans. Le motif ? Des « anomalies non-expliquées » dans son Passeport Biologique de l’Athlète (PBA) sur les années 2018, 2023 et 2024. Une décision prise sur la base d’avis d’experts indépendants et acceptée par le coureur. Cette sanction, en vigueur du 4 novembre 2025 au 3 novembre 2029, n’est pas un cas isolé. Elle plonge à nouveau la lumière crue sur les turpitudes du cyclisme portugais, encore secoué par les retombées de l’opération judiciaire « Prova Limpa ».

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Le Passeport Biologique, l’arme invisible qui a trahi le coureur

Contrairement à un contrôle positif classique, le cas de Carvalho Ferreira repose sur l’analyse longitudinale de son Passeport Biologique de l’Athlète (PBA). Ce dossier électronique compile tous les résultats des contrôles d’un coureur sur une période donnée. Géré par l’International Testing Agency (ITA) et analysé par un Panel d’Experts indépendants à Lausanne, il permet de détecter des variations suspectes dans des marqueurs sanguins ou physiologiques, même en l’absence de substance interdite identifiée ponctuellement.

Une sanction « par acceptation » : que cache cette procédure ?

L’UCI précise que l’affaire a été résolue par « acceptation des conséquences« . Cela signifie que le coureur a renoncé à contester les conclusions des experts du PBA, accélérant ainsi le processus et évitant une longue procédure contentieuse. L’instance dirigeante a, par conséquent, refusé tout commentaire supplémentaire.

Du sommet du podium au purgatoire : la carrière brisée de Carvalho Ferreira

António Carvalho Ferreira n’était pas un anonyme. Sous les couleurs de W52-FC Porto (2015-2019) puis d’ABTF Beitao-Feirense, il a bâti un solide palmarès sur les routes portugaises. Victorieux d’étapes à la Volta a Portugal en 2019, 2020 et 2022, il avait également signé deux podiums au classement général (2e en 2022, 3e en 2023). Ses performances en 2024, dont une 2e place d’étape sur la « Volta », sont donc désormais irrémédiablement entachées.

L’ombre de W52-FC Porto, une équipe fantôme qui hante toujours le peloton

Il est significatif que la première anomalie du PBA remonte à 2018, alors qu’il courait pour la structure W52-FC Porto. Cette équipe a été au cœur du scandale « Operação Prova Limpa », une vaste enquête policière déclenchée en 2022. Son ancien directeur, Adriano Quintanilha, et son responsable sportif, Nuno Ribeiro, ont été condamnés à de la prison ferme pour avoir orchestré un système de dopage.

Au-delà de Carvalho : une génération de coureurs portugais dans la tourmente

La suspension de Carvalho Ferreira s’inscrit dans un contexte national délétère. Elle intervient après celles récentes des Espagnols Oier Lazkano et Delio Fernández Cruz, et de l’Italien Giovanni Carboni, tous sanctionnés sur des bases similaires. Mais au Portugal, la crise est plus profonde.

L’opération « Prova Limpa » a exposé un réseau organisé impliquant médecins, dirigeants et coureurs. Des noms comme João Rodrigues ou Rui Vinhas ont écopé de peines avec sursis. L’ancien leader Luís Mendonça a aussi été suspendu. Chaque nouvelle sanction de l’UCI rappelle que l’épuration des pratiques est un processus long et douloureux.

La double peine : sanctions sportives et jugements des tribunaux

La particularité du scandale portugais réside dans la double sanction, sportive et pénale. Alors que l’UCI prononce des suspensions, la justice portugaise condamne à la prison. Cette approche biface vise à démanteler autant les carrières que les réseaux criminels, envoyant un message de dissuasion sans précédent.

Le Passeport Biologique, preuve du futur pour un cyclisme plus propre ?

L’affaire Carvalho Ferreira démontre la puissance croissante du Passeport Biologique comme outil de traque. Il permet de poursuivre des athlètes pour des « présomptions de dopage » basées sur des profils biologiques suspects, renversant la charge de la preuve. C’est une avancée majeure contre les méthodes sophistiquées et micro-dosées.

Cependant, cette affaire soulève aussi des questions. La capacité des instances à suivre et sanctionner efficacement est testée. La collaboration entre l’ITA, l’UCI et la justice ordinaire semble ici avoir porté ses fruits, montrant la voie pour des enquêtes plus robustes.

La suspension de quatre ans d’António Carvalho Ferreira n’est pas une fin. C’est un rappel sévère que l’ère des soupçons opaques cède la place à celle de la preuve scientifique longitudinale. Pour le cyclisme portugais, profondément meurtri, le chemin vers la rédemption sera encore long, semé de verdicts aussi implacables que celui-ci.

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