Dumoulin vendra son pain

Sur la route du col du Granier, Dumoulin vendra son pain. Les jours de courses il sera coureur, les jours sans faire tourner les manivelles il fera tourner le moulin. Et sa petite entreprise devra marcher à la baguette car cette activité deviendra après sa carrière son unique gagne-pain. À Chambéry, le Samuel a eu l’idée avec son frère d’ouvrir une boulangerie en ayant ce sage raisonnement en tête,  mieux vaut pain en poche que plume au chapeau. En ce qui le concerne c’est plutôt la casquette qui, au contraire du couvre-chef ostentatoire ne mettant pas à l’abri des jours déplumés, recommandait anciennement la prévoyance. Précaution retenue. En passant devant la vitrine on peut constater qu’il n’y a ni pain ni pâte au logis. Est-ce une pathologie pour quelqu’un en blouse blanche de farine qui va ouvrir d’ici peu sa petite entreprise ? Non car les vents tournent, les temps changent, et Éole en maître des choses bien faites et non rassises se mettra debout et soufflera de toutes ses forces pour faire tourner les pales Dumoulin au moment propices. Bon comme du bon pain me direz-vous. Coureur cycliste professionnel est un emploi qu’on pourrait qualifier à juste titre d’ingrat car en usant d’expressions réalistes sur la dureté de ce métier, c’est bien souvent avoir du pain sur la planche une bonne partie de l’année sur des kilomètres longs comme des jours sans pain pour ne récolter que la plupart du temps qu’une bouchée de pain. Dans sa reconversion, en superviseur à temps complet de la boulange, celle-ci deviendra l’hostie qui lui conférera du pain bénit. Tous les saints cyclos usés par l’effort lui rendront visite religieusement et seront par leur monnaie du pape déposée à la caisse, les « financiers » HS et BC de son gagne-pain. Alors souhaitons à Dumoulin que sa production diverse et farinée parte comme des petits pains pour qu’il coule en famille des jours heureux au four et au moulin.