Trois jours enfermé, les volets clos : l’effondrement silencieux de Georg Steinhauser

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Trois jours enfermé les volets clos l'effondrement silencieux de Georg Steinhauser
Image : @EF_Education_EasyPost

Vainqueur d’étape sur le Giro en dominant Pogacar, puis plus rien. En 2025, Georg Steinhauser a disparu des radars. Le jeune Allemand d’EF Education-EasyPost révèle aujourd’hui l’effroyable enchaînement qu’il a subi : une maladie de Lyme non diagnostiquée, un corps qui lâche, et une lente descente vers la dépression. Un témoignage rare sur la vulnérabilité mentale et physique dans le peloton.

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Le 22 mai 2024, Georg Steinhauser inscrivait son nom au palmarès du Giro. Dans la montée de Livigno, le néo-pro d’EF Education-EasyPost résistait au maillot rose Tadej Pogacar après une échappée audacieuse. Une révélation. Un an plus tard, l’oiseau rare s’était envolé. Retour sur une disparition inquiétante et un combat contre des ennemis invisibles.

De l’éclat du Giro à l’obscurité de l’appartement

Après une entame de saison 2025 encourageante (3ème sur une étape de Paris-Nice – à Auron), la machine Steinhauser s’est brutalement enrayée. Les performances ont décliné, puis se sont évaporées. Le coureur, héritier d’une lignée cycliste avec son père Tobias et son oncle Jan Ullrich, est entré dans une zone d’ombre totale.

« Je me souviens m’être enfermé dans mon appartement pendant trois jours, confie-t-il au média allemand Kicker. Je ne parlais à personne. Je n’ouvrais même pas les fenêtres. » Un repli sur soi symptomatique d’un profond mal-être. « À ce moment-là, j’ai réalisé que je ne pouvais plus continuer ainsi. J’étais vraiment mal mentalement, complètement déprimé. Je pense que j’étais très proche de la dépression. »

Le cercle vicieux : le corps trahit, l’esprit sombre

La racine du problème était pourtant d’abord physique, mais insaisissable. « J’avais perdu tout intérêt pour le cyclisme parce que je n’arrêtais pas d’avoir des problèmes, explique-t-il. Deux heures d’entraînement me semblaient durer quatre. Je n’avais aucune force sur le vélo, comme si je n’avais plus aucune énergie. »

Cette perte de performance, inexplicable, a engendré une détresse psychologique profonde. Une fois, il a dû couper court à un entraînement et rentrer en train, un échec cuisant pour un professionnel. La balance a également parlé : il est tombé à 67 kg, loin de ses 70-71 kg habituels, signe d’un corps en souffrance. « J’avais l’impression de ne rien pouvoir y faire. »

Le diagnostic libérateur : la piste de la maladie de Lyme

Malgré une batterie de tests poussés commandés par son équipe – analyses de sang, de selles –, aucune anomalie flagrante n’est apparue. « Personne ne comprenait ce qui se passait » se souvient Steinhauser. L’impasse était totale, jusqu’à ce que son médecin traitant évoque une piste souvent négligée dans le sport de haut niveau : la maladie de Lyme.

Le test est revenu positif. Cette infection bactérienne, transmise par les tiques et qui a également touché le Belge Arnaud De Lie, explique son état de fatigue chronique extrême et ses difficultés physiques. Pour Steinhauser, ce diagnostic, aussi lourd soit-il, a été une délivrance. « Au moins, connaître la raison de mes problèmes m’a aidé. »

La double bataille : soigner le corps pour apaiser l’esprit

Le cas de Steinhauser met en lumière l’intersection critique entre santé physique et mentale chez les athlètes. La maladie de Lyme, souvent difficile à diagnostiquer, a été le détonateur d’un épisode dépressif. Son témoignage rejoint celui d’autres coureurs osant briser le tabou de la santé psychique, à l’image d’un Tom Dumoulin dans le passé.

Aujourd’hui, après un stage de pré-saison et un traitement adapté, le jeune Allemand de 24 ans voit la lumière au bout du tunnel. « En ce moment, je me sens bien, surtout mentalement » assure-t-il. L’objectif est désormais de reconstruire patiemment.

Le Tour de France en ligne de mire : un symbole de renaissance

Sa motivation a retrouvé un cap ambitieux : participer à son premier Tour de France. Ce projet n’est pas qu’une course de plus ; c’est le symbole de son retour à la vie de coureur de haut niveau, après avoir frôlé l’implosion.

L’histoire de Georg Steinhauser est plus qu’un simple récit de blessure. C’est un avertissement sur la santé globale des athlètes, un rappel que la performance repose sur un équilibre fragile, et un message d’espoir : même après s’être perdu dans les ténèbres, il est possible de retrouver la route. Le peloton, et le cyclisme, attendent son retour.

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