Cyclisme et zone grise : le cri d’alarme du MPCC contre la « médicalisation excessive »

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Contrôle antidopage MPCC UCI AMA
Image : @ASO_letour

Dans un communiqué cinglant, le Mouvement pour un Cyclisme Crédible (MPCC) interpelle l’Union Cycliste Internationale (UCI). L’association dénonce une escalade préoccupante : l’usage de substances non interdites mais à la limite de l’éthique. Une course à l’armement médical qui met en danger les coureurs et la crédibilité du sport.

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Le Mouvement pour un Cyclisme Crédible (MPCC) ne désarme pas. Dans sa dernière prise de parole publique, l’organisation, qui fédère plusieurs équipes professionnelles, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Sa cible : l’expansion inquiétante de la « zone grise » réglementaire dans le peloton.

Ce concept opaque désigne des substances et protocoles médicaux non inscrits sur la liste des produits dopants de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Une faille béante que des coureurs et staffs seraient nombreux à exploiter, au mépris des risques sanitaires et de l’intégrité sportive. Pour le MPCC, cette situation crée une pression intenable sur les athlètes, contraints de franchir des limites éthiques pour rester compétitifs.

L’urgence d’une réglementation proactive face à des délais trop longs

La procédure actuelle est jugée trop lente. « Les délais souvent très longs des processus antidopage laissent chaque année un vide réglementaire » martèle le MPCC. Pendant ces mois, voire ces années d’incertitude, des produits peuvent être librement utilisés. Leurs effets sur la santé à long terme et leur potentiel réel sur la performance restent pourtant méconnus.

Le mouvement propose une solution radicale : inverser la logique. Plutôt que d’attendre des preuves pour interdire, il faudrait, selon lui, appliquer un principe de précaution. Une substance suspectée serait ainsi temporairement proscrite le temps des investigations. Elle ne serait autorisée qu’après avoir démontré son innocuité et l’absence d’effet ergogène significatif.

Les cétones, un symbole de l’inaction réglementaire

Le cas des cétones est emblématique de ce flou. Ces composés organiques, promus pour améliorer la récupération, sont au cœur des débats depuis 2017. Malgré un « avis de non-recommandation » de l’UCI publié en octobre 2025, leur usage demeure répandu. Pire, certaines équipes ou coureurs affichent même des partenariats commerciaux avec leurs fabricants.

Pour le MPCC, cette simple recommandation est insuffisante. Elle n’a pas le poids d’une règle médicale contraignante. Elle laisse ainsi la porte ouverte à une course au bord de l’acceptable, où l’avantage compétitif prime sur la santé. L’association a donc ordonné à ses membres de boycotter ces produits et toute collaboration commerciale les concernant.

De nouveaux fantômes : Tapentadol et « bidons de fin de course »

Mais les cétones ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Le MPCC pointe du doigt d’autres pratiques alarmantes. Le Tapentadol, un antalgique opioïde dix fois plus puissant que le Tramadol (interdit depuis 2024), fait l’objet d’une surveillance renforcée. Son détournement à des fins de performance ou de masquage de la douleur représente un danger majeur.

En parallèle, d’inquiétants échos remontent du peloton. Les fameux « bidons de fin de course », ces mélanges secrets distribués dans les dernières heures d’une épreuve, referaient surface. Leur contenu, soigneusement caché, pourrait inclure des stimulants ou autres substances situées dans la zone grise, préparant les coureurs pour le final au mépris de tout principe éthique.

Un appel pressant à l’UCI pour sauver la crédibilité du sport

Le MPCC en est convaincu : cette zone grise est une menace existentielle. Elle sape la confiance des fans et met en péril la santé physique et mentale des coureurs. L’association appelle donc l’UCI à assumer son rôle de gardienne du sport. Elle l’exhorte à établir un cadre réglementaire clair et proactif pour ces produits frontières.

L’instance dirigeante a déjà prouvé sa capacité à agir vite, comme sur le cas du monoxyde de carbone après le Tour de France 2024. Le MPCC réclame cette même célérité. Le temps des simples recommandations est révolu. Face à l’escalade de la médicalisation, il faut des règles fermes. L’avenir crédible du cyclisme professionnel en dépend.

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