Les Strade Bianche, le sixième Monument du cyclisme ?

Samedi auront lieu les onzièmes Strade Bianche. Cette épreuve, née en 2007 et héritière d’une cyclosportive à peine plus ancienne, suscite un engouement important, tant chez les coureurs que chez les spectateurs. Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer ce vif intérêt ? Jusqu’où peut aller la course dans l’imaginaire cycliste ?

Strade Bianche : si jeune et déjà si populaire

Fabian Cancellara, Philippe Gilbert, Alejandro Valverde, Peter Sagan, Greg Van Avermaet… En une poignée d’éditions, voici quelques uns des glorieux noms à s’être illustrés dans l’épreuve italienne. Pourtant, des courses bien plus anciennes peinent à se construire une légitimité dans le monde cycliste et rêveraient d’avoir pareille carte de visite. Alors pourquoi ce succès fulgurant ? Le nom même de la course recèle en lui tout ce qui fait son charme. Les Strade Bianche, littéralement routes blanches, ce sont ces portions de route non asphaltée, recouvertes de fin gravier blanc typique de la Toscane. Sur une telle surface, une sélection naturelle s’opère, où les plus costauds se retrouvent toujours à Sienne pour jouer la gagne.

Dans des schémas de course cadenassés à l’excès, où les stratégies sont déterminées depuis les voitures suiveuses, les coureurs reprennent ici la course en main. L’instinct reprend droit de cité. On peut s’interroger sur le fait que le revêtement de la route ait un tel impact sur le déroulé de la course. Mais dans un calendrier où les courses sont de plus en plus formatées, où même les étapes de montagne les plus grandioses n’enfantent que de « petites courses » (le Tour de France 2016 en fut la dernière illustration, quasi caricaturale), le spectacle se cherche de nouveaux outils. Les revêtements et le vent, par exemple, en font office. Les plus belles courses offertes dernièrement par les coureurs ont très souvent eu lieu sur des épreuves où l’un au moins de ces éléments était présent.

En revenant à l’essence même du cyclisme, en rendant aux coureurs leur libre arbitre, les organisateurs de la course italienne ont créé un nouveau pont entre le cyclisme actuel et ce qu’il fut durant des décennies. Leur course a rejoint le cercle fermé des courses épiques, presque toutes ancrées en Belgique et dans le Nord de la France. Le Tro Bro Léon étant une autre exception, bretonne celle-là.

Un Monument, vraiment ?

Le cyclisme compte cinq « Monuments » : Liège-Bastogne-Liège, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Milan-San Remo et le Tour de Lombardie. Cette classification officieuse s’est faite au fil du temps. Les cinq courses ont pour points communs d’être vieille de plus d’un siècle, et d’avoir, dès leur création, suscité l’intérêt du public et l’adhésion des coureurs.

Que manque-t-il aux Strade pour rejoindre cette caste ultra fermée ? D’abord et surtout, un vécu. Et pour cela, s’armer de patience est le seul remède. Une course comme Paris-Roubaix, gagnée par Garin, Lapize, Leducq, Coppi, Bobet, Mercks, De Vlaeminck, Hinault, Museeuw… Jouira toujours d’une aura supérieure aux Strade Bianche. A ceci s’ajoute également un format sans doute un peu court dans la course italienne. En effet, elle ne dépasse pour le moment pas les 200 kilomètres. Dimanche prochain, les coureurs n’auront par exemple à avaler « que » 175 km. Les autres Monuments, eux, flirtent voire dépassent allégrement les 250 km. Pour ce deuxième point, un peu d’imagination et de volonté chez les organisateurs devraient suffire.

Pour le reste, le plateau, le soutien de l’UCI (la course a acquis le statut World Tour cette saison), l’empreinte laissée dans l’inconscient collectif, le pays organisateur… Tous les ingrédients sont réunis pour faire de l’épreuve un rendez-vous incontournable du calendrier. Au point d’en faire un Monument, le sixième du nom ?

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Top 10 des Strade Bianche 2016 – La Der de Cancellara

VIDEO DE CYCLISME
Strade Bianche 2016 – Victoire de Fabian Cancellara

https://www.youtube.com/watch?v=7McuY_sRUvg

Strade Bianche