
Le coureur belge de Cofidis, victime d’un accident vasculaire cérébral en septembre, s’est confié sur sa lente reconstruction. Entre rééducation neurologique, reprise de l’entraînement et naissance de sa fille, il livre un témoignage poignant sur son quotidien et ses espoirs de retour dans le peloton.
Un réveil en pleine nuit qui change une vie
Le 8 septembre 2025, vers 3 heures du matin, Ludovic Robeet se réveille en sursaut. Un picotement anormal le parcourt. Une moitié de son corps est paralysée. Sa compagne, Louise Jacquemin, alors en fin de grossesse, dort à l’étage inférieur. « J’ai tenté de l’appeler, mais son téléphone était en silencieux. J’ai réussi à me traîner jusqu’à elle, mais impossible de parler. Aucun son ne sortait », raconte le coureur de 31 ans. Louise alerte immédiatement les secours.
S’ensuit un mois d’hospitalisation éprouvant, marqué par des vertiges, des maux de tête intenses et une perte d’équilibre. « Pour faire deux pas, je devais me tenir. »
Réapprendre à marcher, puis à pédaler
Aujourd’hui, la situation a évolué. « J’ai retrouvé la marche, je peux me tenir debout, et je suis remonté sur le vélo », explique Robeet, soulagé. Mais la rééducation neurologique reste un défi quotidien. « Avec ce type de lésion, on ne sait jamais si la récupération sera totale. Mais je vois des progrès. Je suis optimiste. »
Un entraînement sous haute concentration
Ses sorties à vélo, il les aborde avec une prudence extrême. « J’ai déjà fait trois heures, mais c’est très fatigant. Tout est à réapprendre. Garder ma trajectoire demande une concentration maximale. » Les réflexes ont changé : « Si une voiture arrive vite, je freine. Avant, je doublais. Dans les virages, je ralentis énormément. Rouler en groupe me stresse encore. »
Le rôle crucial de sa compagne, Louise Jacquemin
En pleine tourmente, Robeet a pu compter sur un soutien indéfectible : sa compagne, Louise Jacquemin, ancienne coureuse de l’équipe Wallonie-Bruxelles. « Elle a tout géré : ma crise, l’hôpital, tout en terminant sa grossesse. Sans elle, ça aurait été bien plus dur. » Quelques semaines après l’AVC, le couple accueille Ambre, leur première fille. « Elle est arrivée au moment où je recommençais à marcher normalement. Un vrai rayon de soleil. »
L’ambition : retrouver les classiques flandriennes
Sous contrat avec Cofidis jusqu’en 2027, Robeet ne subit aucune pression de la part de son équipe. « Ils me disent de prendre mon temps. C’est moi qui me mets la pression. » Son objectif ? « J’aimerais revenir pour les classiques flandriennes. Ces courses me manquent. Mais la route est encore longue. » Il rêve de « retrouver les sensations d’avant », tout en sachant que rien ne sera plus comme avant.
Une leçon de résilience et d’humilité
L’épreuve a transformé le coureur surnommé « La Machine ». « J’ai appris l’humilité. Chaque petite victoire compte : un pas, un tour de pédale, une nuit de sommeil. » Aujourd’hui, il avance jour après jour, entre séances de rééducation, sorties à vélo et nuits entrecoupées par les pleurs de sa fille. « C’est beaucoup de choses à gérer, mais ce ne sont que des bonnes nouvelles. » Et demain ? « Je veux vivre avec ce qui m’est arrivé, et continuer à évoluer. En tant qu’homme, et peut-être un jour, de nouveau en tant que coureur. »

