Cian Uijtdebroeks chez Movistar : Le pari espagnol pour réveiller un prodige

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Cian Uijtdebroeks chez Movistar le pari espagnol pour réveiller le prodige
À 22 ans, le prodige belge a quitté Visma pour rejoindre Movistar avec un objectif clair : devenir leader. Image : @Screenshot_Movistar

Deux ans chez Visma-Lease a Bike, une carrière en suspens. À seulement 22 ans, Cian Uijtdebroeks a déjà opéré un second virage radical. En quittant la rigueur néerlandaise pour le feeling espagnol de Movistar, le grimpeur belge a un objectif clair : devenir leader. Et il commence fort, avec une première participation au Tour de France dès 2026. Récit d’une reconquête.

Valencia, le baptême (maladroit) du feu

La scène avait son charme. Jeudi, devant un parterre valencien, le légendaire Pedro Delgado présente la nouvelle recrue de Movistar, Cian Uijtdebroeks. Silence gêné. Le jeune Belge, pourtant polyglotte, bute sur l’espagnol. « Je leur avais pourtant dit que je ne pouvais pas assurer ! » s’amuse-t-il ensuite. Ce décalage résume à lui seul l’audace de ce mariage. Un coureur au parcours déjà tumultueux rejoint une équipe au caractère latin très affirmé. Un pari ? « Son arrivée a surpris tout le monde, concède Eusebio Unzué, le manager général. Mais on va lui donner tout ce dont il a besoin pour être un leader. » La promesse est lancée.

La rupture : Pourquoi Uijtdebroeks a quitté Visma

Le transfert n’est pas un simple changement d’air. C’est une rupture stratégique. « Quand on a parlé de mon programme 2026 avec Visma, ils ne pouvaient pas me promettre un grand Tour en tant que leader, explique Uijtdebroeks. Mon ambition est de viser un classement général. Ça ne collait pas. » En quête de garanties et d’écoute, le vainqueur du Tour de l’Avenir 2022 a actionné la clause de sortie. En quelques semaines, son agent a sondé le marché. Le déclic ? Les discussions avec Movistar. « J’ai vu qu’ils me faisaient vraiment confiance, qu’ils croyaient en mes ambitions. Ils étaient plus relâchés… J’ai suivi mon cœur. »

Un besoin vital d’air frais

Derrière les mots, un constat : l’environnement ultra-structuré de Visma a pesé. Uijtdebroeks évoque deux saisons sous une « philosophie d’entraînement très stricte », ponctuées de pépins physiques (dos, engourdissements). « Ici, ils façonnent le plan nutrition, entraînement, programme en fonction des ambitions du coureur. J’ai mon mot à dire. C’est crucial pour la motivation » insiste-t-il, défendant le professionnalisme de sa nouvelle équipe face aux clichés d’amateurisme.

Le programme 2026 : L’Everest dès la première année

Movistar passe des paroles aux actes. Contre toute attente, l’équipe lui offre le rôle de leader unique sur… le Tour de France 2026. Une première pour le Belge, qui évoquait encore récemment un choix entre le Giro et la Vuelta. Un revirement total.

Le calendrier dévoilé : Des classiques au Graal

Son road-map vers la Grande Boucle est ambitieuse :

Février : Tour de la Communauté de Valence (4-8).

Mars : Paris-Nice (8-15).

Avril : Tour du Pays Basque (6-11) – « une course très importante, je veux y être au top » puis les Ardennaises : Flèche Wallonne (22) et Liège-Bastogne-Liège (26).

Juillet : Tour de France (4-26). « Je ferai mes débuts au Tour de France l’an prochain. C’est la première fois et je veux vraiment en tirer le maximum » a-t-il annoncé, sans ambiguïté.

Analyse : Le Tour de France, une logique contre-intuitive ?

Envoyer un jeune leader de 22 ans découvrir les trois semaines sur l’épreuve la plus dure du monde semble risqué. Pourtant, la décision de Movistar peut se défendre.

Une pression relative et un terrain d’apprentissage

Sur le Giro ou la Vuelta, l’attente d’un résultat immédiat aurait été énorme. Le Tour, avec son plateau monstrueux, offre une couverture médiatique différente et une expérience sans la même pression du Top-5. C’est un investissement pour l’avenir.

La gestion des leaders : Mas sur la Vuelta, Cian sur le Tour

Cette stratégie permet aussi une répartition intelligente des rôles avec Enric Mas, spécialiste de la Vuelta (trois podiums). Mas pourra se concentrer sur la course espagnole, où il excelle, tandis qu’Uijtdebroeks découvre le Tour. Une organisation claire.

Le dernier virage avant la consécration ?

À 22 ans, Cian Uijtdebroeks est déjà à sa troisième équipe (Bora, Visma, Movistar). Son talent n’a jamais fait de doute – 8e de la Vuelta en 2023, 5e du Giro en 2024 avant des soucis santé. Mais le temps de la promesse est révolu.

Movistar lui tend le micro et la direction de course. Le Tour de France 2026 sera bien plus qu’une première : ce sera le banc d’essai ultime pour ce prodige qui a choisi la confiance contre la froideur, le feeling contre la planification millimétrée. Son pari, et celui de Movistar, vient de commencer. La route vers le sommet passe désormais par les cols français.

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