Sur une plage non abandonnée, j’étrenne mon bronzage cycliste aux yeux des plagistes du mois d’août. Une combinaison et des chaussettes blanches opalines cousues à des manchettes marron foncé et cuissardes de la même couleur. Mon bleu de travail je ne peux le retirer à la fin de mon boulot de coureur à l’année. Impossible de le laisser sur le porte manteau dans mon casier de l’équipe. Il me suit à la trace, elle qui me démarque des aoûtiens dont je ne peux imaginer le corps de métier à la vue de leur bronzage uniforme ou à la couenne rougie par une exposition trop longue au soleil sans la haute protection d’un filtre solaire. C’est d’ailleurs le seul repère qui m’indique une arrivée récente sur leur lieu de vacances mais en aucun cas me sert à divulguer la profession de ces vacanciers en maillot de bain. Celui qui se prête au jeu de la devinette sur le métier que j’exerce, les lignes de démarcations franches et nettes sont des indices révélateurs qui caractérisent inesthétiquement mon job de cycliste mais qui pourraient aussi m’identifier à un maçon longuement exposé aux rayons du soleil mais dont la contrefaçon n’aurait de ressemblance qu’avec le dur labeur de nos métiers. Sans en être fier, mon marquage exempt de sponsor relève de la haute couture ; Façonné par des petites mains solaires soucieuses du plus bel effet et non pas d’approximatifs points sur la peau qui forment des lignes mal définies par la négligence d’une aiguille au piquage bronzant qui manque de précision à sa tâche sur l’épiderme fourni. Pour la longévité de ma tenue bicolore sur le sable, je ne serais évaluer le temps pour la voir totalement diluée sur le haut et le bas de mon corps dans le bronze qui n’a rien d’olympique mais qui tient plus du revers de la médaille. La marque de mon maillot et de mon cuissard sont au cyclisme ce que les marques des bretelles blanches sont au marcel pendant que j’assume sur le rivage méditerranéen dans un simple slip bleu océan cette peinture sur soi dont l’auteur a eu la modestie de ne pas la signer.
Dis moi ce que tu exhibes , je te dirai de quoi tu descends . Probablement plus du bonobo que du champion à poil sur une plage . L’important n’est pas ce qu’on fait de nous mais ce que nous faisons nous même de ce qu’on a fait de nous . Un singe en été .
Mon bronzage naturel de méridional étant acquis depuis ma naissance je peux donc passer inaperçu sur les plages criques et calanques de ma région . Aucune trace ou indice faisant penser a ma passion de la petite reine je passe inaperçu ………..!
Seule l’ivresse des sommets du Pastaga et du rosé frais me fait sortir de cet anonymat alors j’enlève ma tenue de camouflage (mon bronzage naturel)et je redeviens un cycliste fier d’avoir escaladé les montagnes et descendu les cotes du Rhone( sans modération ).
Comme on dit dans ma région je ne suis plus »DEGUN ».
A PRESTU