Jusqu’où pourrait tomber notre désillusion si l’on apprenait un jour que Peter Sagan a fauté dans la confiance absolue qu’on lui portait ? Réagirions-nous avec fatalisme détaché bâti par les affres persistantes de ce sport, ou serions-nous effondrés au pied de ce qui était l’ultime chance au cyclisme de redorer son blason sur la place publique ? La confiance que l’on a mise dans ce coureur est sans borne. Parce qu’il a le pouvoir inné de bannir le mot soupçon comme s’il n’avait jamais existé.
Faut-il se préparer mentalement à la chute de Peter Sagan ?
Le Slovaque triple champion du monde sur route consécutivement connaît peu le contact de la peau sur l’asphalte. Ses talents d’équilibriste l’empêchent d’éviter la chute la plupart du temps, qui surgit tout de même pour des principes d’imperfection dans les tumultes minimisés de son destin épique, qui comptent parmi eux un coup de coude dommageable, pour ceux qui n’y ont vu qu’un attentat sur une légende du sprint. Mais ce qui nous intéresse ici est celle qui pourrait blesser à vif nos sentiments apologiques pour Peter Sagan. Les circonstances de l’écroulement de sa masse populaire ne sont pas inscrites dans l’histoire d’une déchéance annoncée, car même sa naissance paraît inimaginable à ce jour.
Peter Sagan est un ami qui nous veut toujours du bien
Il a tout du meilleur ami dont on rêve tous. Celui pour qui sa facilité à réussir sa vie d’immense champion nous motiverait pour réussir une partie de la nôtre. Dans celle où nos rêves d’enfant ne nous paraissent plus en mesure d’être réalisés tellement le temps les a mentalisés au point de les avoir fait mourir à petit feu. Notre ami nous dirait qu’on a fauté quelque part sur la route de leur matérialisation. Il insisterait sur le fait que notre coeur défaillant est le premier responsable de l’abandon de nos songes et qu’il faut absolument y remédier pour notre bonheur. On prendrait nos vélos pour aller faire quelques kilomètres ensemble, et contre toute attente il nous dirait que la prochaine fois qu’il passerait la ligne d’arrivée les bras levés, il penserait à nous.