Un petit signe de la main, adressé à la caméra. C’est ainsi qu’Alberto Contador, vaincu par les chutes et la fièvre, avait quitté les routes du Tour de France cet été. Vous y aviez vu un geste d’adieu ? Une marque d’humilité envers ces cols, qui ce jour là, avaient eu le dernier mot ? Vous aviez tort. Car si le « Pistolero », n’a plus la fièvre, il est prêt à retrouver l’ivresse des sommets chez Trek-Segafredo. Il lui reste une balle dans son barillet, et il la réserve pour juillet prochain. La preuve par 5.
1. Parce qu’il s’est enfin débarrassé d’Oleg Tinkov
Ou plutôt, parce qu’Oleg Tinkov s’est débarrassé de lui. Car le fantasque oligarque russe a assez joué avec ses cyclistes en plomb. Oui, ses coureurs, il les a plombés, et dans le cas du « Pistolero », c’est un comble… En 2013, alors que Contador échouait au pied du podium du Tour, Tinkov lâchait : « Ses performances ne sont pas à la hauteur de son salaire. Trop riche. Il n’a pas faim. Il doit travailler plus dur (…) il a besoin de changer beaucoup de choses dans sa préparation et doit être plus pro ». Et cette année d’ajouter : « Je l’admire vraiment, mais à mon humble avis, il devrait prendre sa retraite cette année ». Et en matière d’humilité, Tinkov s’y connaît… Aujourd’hui Tinkov n’est plus là. Tel un enfant capricieux qui a cassé tous ses jouets, il est parti s’en trouver d’autres. Un poids en moins pour le grimpeur, qui va retrouver des ailes lorsque la route s’élèvera.
2. Parce qu’il a gardé le meilleur de chez Team Tinkoff
Chez Trek-Segafredo, Contador ne débarque pas seul. Il y retrouve Steven De Jongh, son Directeur Sportif chez Tinkoff, et Jesus Hernandez, son fidèle lieutenant chez Liberty Seguros, Astana et Tinkoff, qui déclarait encore récemment : « Alberto est comme mon frère ». Ivan Basso a aussi fait le voyage avec l’Espagnol. S’ils n’ont été que brièvement coéquipiers chez Discovery Channel et Tinkoff, ils ont eu le temps de tisser des liens forts. D’ailleurs l’Italien, retiré du peloton depuis l’an passé, était resté jusque là coordinateur technique de la Team Tinkoff, en grande partie pour le « Pistolero ». C’est donc un havre de sérénité que s’est constitué le grimpeur dans sa nouvelle formation, et quand la confiance va… tout va !
3. Parce que ses adversaires risquent de laisser des plumes sur le Giro
Le 5 mai prochain, le Giro s’élancera de Sardaigne. Et pas n’importe quel Giro, le 100e. Excusez du peu. Il y a fort à parier que le plateau des prétendants sera à la hauteur de l’évènement. Pinot, Aru, Nibali et… Froome, tous lui font de l’oeil ! Contador l’a expérimenté lui même en 2011 et 2015, remporter les deux tours coup sur coup relève de la douce utopie : vainqueur des deux Giro, il avait terminé 5e des deux Tour de France (avant d’être déclassé sur le Giro et le Tour 2011). Le dernier a avoir remporté les deux tours d’affilée n’est autre que… Marco Pantani en 98. Une autre époque. Alors certes, Nairo Quintana, ne s’est pas encore prononcé sur une éventuelle présence au Giro. Mais quand bien même le Colombien miserait tout sur le Tour de France, on peut penser que son attentisme lorsque Chris Froome verrouille la course, cèdera place à de la panique lorsque Contador, au sommet de son art, décidera de faire parler sa science de la course bien aiguisée en attaquant à tout va.
4. Parce que la Trek-Segafredo 2017 sera supérieure à la Team Tinkoff
Contador est un « fuoriclasse ». En rejoignant sa nouvelle formation, il retrouve enfin une équipe à la hauteur de son statut. Là où chez Tinkoff il devait composer avec Peter Sagan, chez Trek-Segafredo, il sera LA star de l’équipe. Alors certes, la nuance est plus symbolique qu’autre chose tant Sagan n’a jamais eu besoin de mobiliser ses coéquipiers outre-mesure pour faire ses numéros, mais elle a le mérite d’exister. La vraie différence réside dans le nombre de coureurs capables de l’accompagner vers les sommets. Là où chez Tinkoff ils n’étaient qu’une poignée (Kreuziger, Kiserlovski, Rogers voir Majka quand il ne joue pas sa carte personnelle, tant le polonais n’a pas la trempe d’un gregario), la formation italo-américaine aura le choix pour mettre à sa disposition un tapis rouge de grimpeurs et de coureurs tout terrain : Jesus Hernandez, Arredondo, Pantano, Zubeldia, Irizar, Stetina, Rast, Brandle, voir Bauke Mollema pour ne citer qu’eux !
5. Parce que c’est un drogué du Tour
Je vous vois venir ! Loin de moi l’idée de faire un mauvais jeu de mots avec ce 5e titre ! Non, ce que je veux dire, c’est que la plupart des derniers vainqueurs du Tour en avaient fait une obsession, ils n’avaient juré que par lui, ils avaient tout sacrifié pour lui : Cadel Evans en avait fait le marronnier de sa carrière, Froome n’avait axé ses saisons qu’en fonction du Tour, Bradley Wiggins avait accepté les pires sacrifices pour perdre jusqu’à 11 kilos et se muer en grimpeur ailé. Contador en est là. Et c’est lui qui le dit : Avec la direction de l’équipe, nous avons beaucoup d’objectifs et de priorités en commun. En premier lieu, remporter le Tour de France« . En doublant Giro et Tour en 2011 et 2015, Contador avait payé pour voir. On pourrait ne pas l’y reprendre… Alors que Froome pourrait se laisser tenter par le péché d’orgueil…
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Je partage certains points de votre analyse, notamment le caractère d’Oleg Tinkoff qui ne correspondait pas et n’a pas été bénéfique à A. Contador…Mais Froome, entre autres, sur le giro, ce n’est pas encore fait et l’équipe de Contador, même préparée selon les méthodes les plus performantes, est, selon moi, intrinsèquement inférieure aux coureurs de l’équipe Sky….Bonne chance à Contador pour l’an prochain…Il sera de toutes façons une attraction, de la même façon que l’histoire du vélo retiendra sans doute, autant sinon plus que la victoire de Quintana, son coup de force sur la dernière vuelta, au lendemain de l’Aubisque, dans une étape qui a totalement modifié le cours de l’épreuve…