Pour patienter jusqu’au 2 juillet et le départ de la Grande Boucle depuis le Mont St-Michel TodayCycling vous offre une rétrospective des dix derniers Tours de France, premier épisode aujourd’hui avec le Tour 2006.
L’an I. C’est ce que devait être ce Tour 2006. L’an I après Lance Armstrong. L’an I après sept années d’un règne sans partage du texan. L’an I pour de nombreux prétendants qui s’élanceraient de la ligne de départ pour la victoire et non plus pour la seconde marche du podium. Cette 93ème édition promettait beaucoup et elle fut marquée de nombreux rebondissements, ceux que l’on espéraient ou que l’on attendaient ? Pas forcément … Retour en cinq moments marquants sur ce Tour de France 2006.
Un coup de théâtre initial
Le Tour de France 2006 devait être le « Tour du renouveau », une expression malheureusement utilisée bien trop souvent et qui s’est peut-être vidée de son sens à force d’être employée à tort et à travers. Il est toujours plus aisé de parler d’un événement après coup mais une chose est sûre ce Tour 2006 n’a pas été celui du renouveau.
Le 30 juin soit la veille du Grand Départ à Strasbourg un coup de tonnerre s’abat sur la Grande Boucle, des médias espagnols ont en effet publiés une liste de sportifs impliqués dans l’affaire Puerto. De nombreux cyclistes sont cités dans ce scandale de dopage parmi eux Jan Ullrich & Oscar Sevilla (T-Mobile) Ivan Basso (CSC) Francisco Mancebo (AG2R) et Joseba Beloki (Astana-Würth), initialement inscrits à l’épreuve, ne prendront pas le départ du Tour. Tout comme Alexandre Vinokourov et Alberto Contador, pas cités directement dans cette affaire Puerto mais leur équipe Astana-Würth avec cinq coureurs impliqués se trouve dans l’obligation de se retirer de l’épreuve.
Basso 2ème, Ullrich 3ème, Mancebo 4ème et Vinokourov 5ème en 2005, quatre des principaux favoris de cette édition restent à quai et cela ternit déjà l’image de ce Tour 2006. Alejandro Valverde apparaissait alors comme l’un de ceux qui auraient pu profiter de ce coup de balai mais l’espagnol laisse une clavicule sur la route lors de la troisième étape arrivant à Valkenburg et se trouve contraint à l’abandon. Seul rayon de soleil, dans ce ciel bien noirci par un fléau qui a du mal à se détacher du mot cyclisme, la perspective d’un Tour ouvert, plein de surprises et qui peut révéler de nombreux talents.
Robbie McEwen, histoire de triplés
Il est de coutume que la première semaine du Tour offre aux sprinteurs la chance de s’exprimer, l’australien de la Davtamon-Lotto a bien saisi cette opportunité en s’offrant trois victoires d’étapes, égalant sa performance de 2005. McEwen a en effet levé les bras à Esch-sur-Alzette, Saint-Quentin et Vitré soit les 2ème, 4ème et 6ème étapes, il s’affirme ainsi comme l’un des plus rapides du peloton et décrochera également trois deuxièmes places. Des résultats qu’il doit à sa pointe de vitesse mais également à son poisson-pilote Gert Steegmans qui lui a souvent été d’une grande aide dans le dernier kilomètre.
Il est de fait alors logique que Robbie McEwen se soit paré du maillot vert sur le podium à Paris, un succès assez large d’ailleurs avec 288 points contre 199 pour Erik Zabel et 195 pour Thor Hushovd. Une troisième couronne du classement à points après celles de 2002 et 2004 qui lui permet donc de rejoindre au palmarès Jan Janssen, Eddy Merckx, Freddy Maertens et Djamolidine Abdoujaparov. Ce troisième maillot vert pour McEwen sera néanmoins le dernier même si il s’offrira une dernière victoire d’étape sur le Tour en 2007 à Canterbury pour un bilan prestigieux de douze bouquets sur le Tour dans l’ensemble de sa carrière.
Bleu Blanc Jaune
Cambo-les-Bains – Pau, première étape en altitude de ce Tour 2006 avec au programme le col du Soudet, un hors-catégorie, et le col de Marie-Blanque. Comme le veut la tradition une échappée matinale assez importante d’une quinzaine de coureurs se dégage. Parmi eux Cyril Dessel (AG2R) et Juan Miguel Mercado (Agritubel), un duo qui se distinguera au long de l’étape car c’est ensemble qu’ils se détachent du reste des fuyards dans le col du Soudet. Même scénario dans le col de Marie-Blanque après avoir vu revenir quelques coureurs. Dessel qui est passé en tête à tous les grimpeurs de la journée est déjà assuré de revêtir le maillot à pois à l’arrivée à Pau. Mais le français vise peut-être un peu plus, à savoir une victoire d’étape, le final entre les deux coureurs est très serrée, ils se jaugent, s’observent mais c’est finalement l’espagnol qui se montre le plus fort et qui s’impose au sprint. Le lot de consolation de Cyril Dessel n’en reste pas moins très gratifiant : le maillot jaune qu’il ravit à l’ukrainien Serhiy Honchar, le sourire affiché du français sur le podium montre que passé la déception de l’étape la joie de porter le maillot jaune est elle très grande.
Ce Tour 2006 restera comme un bon cru pour les français avec Cyril Dessel qui finira 6ème au classement général, AG2R qui placera un autre coureur dans le top 10 avec Christophe Moreau (7ème). Une belle performance sachant qu’aucun français ne s’était glissé parmi les dix premiers en 2005. Il faut rajouter à ce bilan satisfaisant la victoire au sprint de Jimmy Casper à Strasbourg, celle en solitaire et en costaud de Sylvain Calzati à Lorient qui a parfaitement résisté au retour de peloton et enfin celle de Pierrick Fédrigo qui parti dans l’échappée matinale va finalement lever les bras à Gap en battant Salvatore Comesso au finish.
Landis – Pereiro : Tome I
C’était écrit ou presque. Les destins de Floyd Landis et Oscar Pereiro étaient quasiment liés, en 2005 tous deux courent sous le maillot de la Phonak, lors du tour 2005 l’américain finira 9ème, l’espagnol 10ème. Landis est resté fidèle à la formation suisse alors que Pereiro migre vers l’équipe Caisse d’Épargne, cependant difficile d’imaginer ces deux-là se battre pour la victoire finale et pourtant … Récit d’une lutte aux multiples rebondissements pour le maillot jaune.
Tarbes – Val d’Aran – Pla de Beret. 11ème étape. Première vraie explication entre les favoris au Pla de Beret, après un impressionnant travail de Michael Boogerd dans la montée, Denis Menchov leader de la Rabobank s’impose devant Levi Leipheimer et Floyd Landis qui prend alors le maillot jaune à Cyril Dessel qui ne l’aura gardé qu’une journée. S’en suit un scénario improbable deux jours après dans l’étape arrivant à Montélimar, une échappée à cinq se détache avec Pereiro, Voigt, Chavanel, Grivko et Quinziato, finalement la victoire se jouera entre Pereiro et Voigt, l’allemand s’adjugeant l’étape. Mais le plus important est leur avance par rapport au peloton qui est de quasiment trente minutes, la Phonak n’ayant pas choisi de défendre le maillot jaune qui revient alors à Oscar Pereiro.
Nouvel acte lors de l’étape arrivant à l’Alpe d’Huez où suite à une belle montée Floyd Landis reprend la tunique jaune à Pereiro pour 10 petites secondes, les deux coureurs se tiennent en un mouchoir de poche avant les cinq dernières étapes. La 16ème étape arrive elle à la Toussuire, une montée inédite dans le Tour. Landis n’en gardera pas un bon souvenir. Dans cette ascension l’américain dévisse totalement, il est collé à la route , il n’avance plus. Une défaillance aussi impressionnante qu’inexplicable qui lui coûte plus de neuf minutes sur Rasmussen vainqueur de l’étape et qui l’expédie hors du top 10 au général. On se dit alors que Landis vient de perdre tout espoir de victoire finale sur les pentes de la Toussuire.
Landis – Pereiro : Tome II
17ème étape : Saint-Jean-de-Maurienne – Morzine et comme le dit John Lelangue dans la voiture de la Phonak « It’s Landis day ». L’américain piqué dans son orgueil se rebelle et attaque à corps perdu, 130 km d’échappée pour un raid exceptionnel conclu par une victoire en solitaire avec six minutes d’avance sur Carlos Sastre deuxième de l’étape. Mais plus important Landis se replace à 30 secondes de Pereiro leader au classement général. La nuit et le jour, l’américain en perdition totale sur l’étape de la veille signe un exploit retentissant et revient dans la course au maillot jaune. Tout se réglera lors du dernier contre-la-montre de la 19ème étape, le leader Pereiro, Sastre et Landis se tiennent en trente secondes. Landis récupère 1 minute 29 sur Pereiro alors que Sastre finit loin. Au terme de l’étape il est alors possible de l’affirmer : un américain va succéder à un américain, Landis va remporter ce Tour de France 2006. Grosse erreur …
Le rêve prend vite fin quand le 27 juillet 2006, soit moins d’une semaine après la fin du Tour, on apprend que Floyd Landis a été contrôlé positif à la testostérone lors de l’étape de Morzine qu’il a remporté. Landis nie ce contrôle positif mais la publication des résultats de l’échantillon B le 5 août l’accable, il est alors licencié par la Phonak qui elle-même implose peu après car impliquée dans de trop nombreuses affaires. Il s’en suit alors une bataille juridique, bien moins passionnante que celles qui se déroulent sur le bitume, entre Landis et les différentes autorités anti-dopage. En mai 2007 Floyd Landis est alors officiellement déclassé par la direction du Tour de France et en septembre 2007 Oscar Pereiro est alors désigné comme le vainqueur de cette édition 2006 avant de recevoir son maillot jaune le 21 octobre 2007.
Il faudrait aussi les vainqueurs d’étapes et le classement final…même si on peut s’en passer,les principaux protagonistes ayant rarement été positifs, même si on analyse à fond certains de leurs résultats…
Bonsoir TOUTALO, bonne remarque nous y penserons pour les prochaines rétrospectives :)