Lors du gala de fin saison de l’UCI à Abu Dhabi, les réceptions de l’ambassadeur Cookson sont toujours réussies, ça rappellera des souvenirs publicitaires à ceux qui sont nés dans les années 70, Peter Sagan a troqué sa tenue de double champion du monde pour un style vestimentaire qui ressemblait étrangement à quelques détails près à celui d’Alexandre Delarge, jeune voyou chef de bande aux cheveux longs incarné par Malcom McDowell dans « Orange mécanique ». Le film de Stanley Kubrick adapté du roman de Gustav Hasford, hautement controversé à sa sortie mais devenu culte pour des raisons que l’Homme est le seul à pouvoir expliquer sous traitement Ludovico, révélateur de ses perversions inavouables. Entouré de ses droogs de l’année 2016, Fabian Cancellara (Pete), Greg Van Avermaet, (Georgie) et Elia Viviani (Dim), ils ne s’en allèrent pas voir Cat Lady et sa sculpture en forme de pénis géant mais firent la fête entourés des lauréats récompensés pour leur fait d’armes cette année dans les différentes catégories du cyclisme professionnel sur route. Attablés, ils parlaient en Nadsat, leur dialecte anglo-russe-manouche, riaient aux éclats, mangeaient comme des affamés et burent du Saint-Estèphe dans des verres de cristal qu’ils balancèrent en quittant la réception. Laissant Katarina, la fidèle d’Alex « seule » parmi les invités sous le choc et désaxés par leur comportement. Un coup à prévenir le gardien-chef Barnes mais trop loin géographiquement pour intervenir et les mettre sous les verrous. Son Excellence Aref Al Awani, Secrétaire Général de l’Abu Dhabi Sports Council déclara à la suite de cette ardente fantaisie : « Ces pendards titrés mériteraient 100 coups de fouets pour de tels agissements ! ». Les quatre trouble-fêtes or et olé prirent la direction du Korova milk bar. Un estaminet où une seule boisson y est servie. Le lait aromatisé aux amphétamines. Le Moloko. Après des descentes vertigineuses de cette substance dans leurs entrailles boostées, ils en sortirent gonflés à bloc. Assoiffés de dépense physique, ils volèrent des vélos dans la marina et refirent dans les rues calmes et endormies les championnats du monde en gueulant comme des sourds la Symphonie n°9 de Beethoven. Alex gagna encore. Tard dans la nuit les quatre lascars ameutèrent tellement la baie qu’ils se sont fait cueillir par une patrouille de police qui les emmena au poste. Ce fut le début d’un long interrogatoire en garde à vue et jetés dans une cellule de dégrisement. Ils avaient tous du mal à contenir leur folie énergétique. Les policiers donnaient des coups sur les barreaux pour tenter de les calmer. Ce n’est que les heures qui s’égrenèrent qui eurent raison d’eux. Le lendemain matin la porte du commissariat s’ouvrit sur une immense lumière qui les aveugla. Ils mirent leur bras sur les yeux pour se protéger des rayons puissants du soleil qui leur annonçait la liberté. Personne ne les attendait, pas un fan, pas une femme, pas l’ombre d’une âme inquiète de leur disparition. Alex mit son chapeau et donna un coup de canne à ses droogs puis la pointa droit devant lui. « L’avenir est devant nous, mes amis ! » « Oh oui, je suis guéri pour de bon ». Dit-il. Faisant allusion au rétablissement de son état physique redevenu stable. Avant d’ajouter d’un air démoniaque. «Nous rentrons chez nous, remettre du bon lait dans le moteur de nos mécaniques ! »