Van der Poel, l’homme qui transforme la boue en or

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Van der Poel l'homme qui transforme la boue en or
Image : @Alpecin_Deceuninck

Alors que le peloton hiverne au soleil, Mathieu van der Poel règne en maître sur la boue. Son invincibilité depuis début décembre est totale. Derrière cette démonstration de force se cache une réalité économique vertigineuse : en quinze jours seulement, le Néerlandais a engrangé une somme supérieure au salaire annuel de nombreux pros. Plongée dans les coulisses lucratives de la domination parfaite.

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L’hiver est une saison de choix. Pour certains, celle de la coupure et de la régénération. Pour d’autres, celle du travail foncier, à l’abri des regards. Pour Mathieu van der Poel, c’est le théâtre d’une expression pure, d’une domination sans partage, et, il faut bien le dire, d’une impressionnante opération financière.

Tandis que la plupart des stars sur route effectuent des stages en altitude ou sous le soleil d’Andalousie, le champion d’Alpecin-Deceuninck a fait un autre choix. Celui des labours gelés, des relances explosives et des virages glissants. Un choix payant, à tous les niveaux.

Une invincibilité qui n’a pas de prix (ou presque)

Entre le 14 et le 29 décembre, le calendrier du cyclo-cross a vécu au rythme de « MVDP ». Six courses, six victoires. Une séquence parfaite qui vient prolonger une invincibilité entamée en début de saison 2025, portant son bilan à neuf succès en neuf sorties. Cette régularité de métronome face à une concurrence pourtant relevée (Van Aert, Pidcock, Iserbyt) forge sa légende. Mais elle alimente aussi très concrètement son patrimoine.

Car derrière chaque ligne d’arrivée franchie la main en l’air se cache une équation économique bien rodée. Selon les informations de La DH, la présence seule du septuple champion du monde sur une ligne de départ a un coût pour les organisateurs : environ 20 000 euros. Une prime de présence (ou « startgeld ») qui s’explique par l’attraction médiatique et populaire unique qu’il génère. À titre de comparaison, son éternel rival Wout van Aert serait, lui, rémunéré autour des 15 000 euros par engagement.

Le détail d’un pactole express

Faisons les comptes de cette folle quinzaine de fin d’année. Sur six départs, ces primes de présence représentent déjà 120 000 euros. S’y ajoutent les gains directs aux résultats : 5 000 euros pour chaque victoire en Coupe du monde (4 durant cette période). Plusieurs milliers d’euros supplémentaires pour les victoires dans d’autres trophées (comme le X2O Trophy).

Le total pour seulement quinze jours de compétition ? Plus de 140 000 euros nets. Une somme qui dépasse le salaire annuel de la grande majorité des coureurs WorldTour.

Leçon d’économie du sport : Ce modèle illustre parfaitement comment un athlète au sommet peut monétiser son aura et ses performances au-delà de son salaire fixe. Van der Poel ne court pas pour l’argent à proprement parler, mais sa valeur de marché transforme chacune de ses apparitions en événement hautement rentable.

Une motivation qui transcende l’aspect financier

Il serait cependant réducteur de résumer cette campagne hivernale à une simple chasse au pactole. Pour van der Poel, dont le salaire annuel chez Alpecin-Deceuninck est estimé entre 4 et 5 millions d’euros, ces gains, bien que colossaux, ne sont pas « vitaux ».

La vraie motivation semble ailleurs. D’abord, dans le plaisir pur de la discipline, un exutoire physique et technique loin des calculs tactiques de la route. Ensuite, dans la quête de l’histoire. Avec huit titres mondiaux en ligne de mire, il vise le record absolu détenu par le Belge Eric De Vlaeminck. Chaque victoire est un pas de plus vers l’éternité sportive.

Enfin, ces courses sont un laboratoire idéal pour affûter sa condition et sa puissance explosive, des armes décisives pour ses futurs objectifs sur route, à commencer par les classiques du printemps où il sera, une fois encore, l’homme à battre.

Et la suite ? La machine est lancée

La saison de cyclo-cross est loin d’être terminée. Les manches de Coupe du monde à venir (Zonhoven, Maasmechelen, Hoogerheide) et l’inévitable championnat du monde représentent autant d’opportunités d’augmenter encore la note. La victoire finale au classement général de la Coupe du monde, par exemple, est dotée de 30 000 euros.

Mais plus que les chiffres, c’est l’image qui persiste : celle d’un athlète complet, inarrêtable, capable de dicter sa loi et sa valeur sur n’importe quel terrain. Mathieu van der Poel n’a pas simplement gagné six courses en quinze jours. Il a démontré, une fois de plus, qu’il appartient à une catégorie à part. Un génie qui, même en hiver, fait tourner la machine à billets… et à records. La boue, décidément, lui va comme un gant. Doré.

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