Fin de saison oblige, on commence à regarder dans le rétro, façon Jacky Durand dans les derniers hectomètres d’une étape passée à bouffer du vent à l’avant de la course ! Qu’ils soient puncheurs, sprinteurs ou grimpeurs, tous ont affiché de belles promesses cette saison. Voici 10 coureurs bientôt prêts à sauter leurs aînés sur la ligne. Liste non-exhaustive (bien évidemment).
Oliver Naesen, le couteau suisse belge
Un coureur complet au pays de la complète jambon-oeuf-fromage. 28 août dernier, Oliver Naesen (26 ans – IAM Cycling) remporte en costaud la Bretagne Classic. Echappé dans les 50 derniers kilomètres, il survole les côtes de Marta et de Ty Marrec, larguant et/ou lessivant ses petits compagnons de fuite, et résistant aux tentatives de punch du Champion Olympique Greg Van Avermaert, et de l’ex Champion du Monde Rui Costa ! A l’aise dans les bosses, le Belge l’est tout autant dans les sprints. Pas étonnant de le voir vert de rage après avoir été battu par un sprint irrégulier (mais non sanctionné) du spécialiste Dylan Groenewegen sur l’Eurometropole Tour. Et qui dit bosses + sprint dit… Eneco Tour, forcément. Une course d’une semaine, à saute-mouton entre Belgique et Pays-Bas, soldée par une brillante 2e place, devant notamment Peter Sagan et l’incontournable Van Avermaert ! La saison prochaine, Naesen évoluera sous les couleurs d’AG2R-La Mondiale, où il retrouvera Jan Bakelants, un autre Belge au profil assez similaire. Naesen-Bakelants-Bardet, Vincent Lavenu aura de belles cartes à jouer sur les classiques en 2017.
Dylan Groenewegen et Sonny Colbrelli, à toute vitesse !
Mark Cavendish – André Greipel – Marcel Kittel – Alexander Kristoff – Peter Sagan… « les rois du Monde, sont au sommet, ils ont la plus belle vue mais y’a un « mais »… Ou plutôt deux : Dylan Groenewegen (23 ans – Lotto NL Jumbo) et Sonny Colbrelli (26 ans – Bardiani CSF – Futur Bahrain-Merida) ! Car si depuis quelques années la plupart des sprinteurs peinent à se frayer une place durable parmi l’Olympe, les deux jeunes loups eux, n’ont pas froid aux yeux ! Groenewegen. Un nom qu’on dirait tout droit sorti d’un roman de Tolkien. Comment voulez-vous oser vous frotter à un type capable de vous jeter un sort à n’importe quel moment ?! Malin et roublard, le Néerlandais a prouvé qu’il était capable de gagner sans équipier autour de lui (1ère étape de l’Eneco Tour) et de s’imposer à la limite de la régulière (Eurometropole Tour). Bilan : 11 victoires (dont une étape du Tour of Britain) et des victimes telles que Nacer Bouhanni, Peter Sagan, Alexander Kristoff et Caleb Ewan. Sonny Colbrelli, lui, est Italien. Alors forcément, un Sonny avec un nom italien, on pense à Sonny Corleone, fils de Vito. Sauf que Colbrelli est un winner (Coppa Agostoni, et 3 Vallées Varésines notamment), et lorsqu’il ne gagne pas, ses places d’honneur ont le goût du prestige (3e de l’Amstel Gold Race et 9e de Milan San-Remo). Alors que le sprint italien, orphelin de Mario Cipollini et Alessandro Petacchi, se déchire entre Giacomo Nizzolo et Elia Viviani, Colbrelli a laissé entrapercevoir un petit quelque chose. De quoi mettre tout le monde d’accord à l’avenir ?
Jarlinson Pantano et Miguel-Angel Lopez, perpétuent la tradition
Dans la famille des grimpeurs colombiens, je demande les deux derniers, Jarlinson Pantano et son « petit frère », Miguel-Angel Lopez ! Ne me faites pas piocher, je sais que vous les avez ! Et pour cause, comment passer à côté de leurs performances cette saison ?! Souvent à l’avant de la course sur le Tour 2015, sans pour autant gagner, Jarlinson Pantano (27 ans – IAM Cycling), est passé à la vitesse supérieure en 2016 (une étape sur le Tour de France, une étape et une 4e place sur le Tour de Suisse). La saison prochaine, Pantano évoluera chez Trek-Segafredo. Un renfort de poids pour Alberto Contador qui pourra compter sur le Colombien pour l’aider à retrouver les sommets. Miguel-Angel Lopez lui, est beaucoup plus jeune (22 ans – Astana), et peut encore espérer jouer un jour sa carte personnelle sur un Grand Tour. Déjà vainqueur du Tour de l’Avenir 2014, il a remporté le Tour de Suisse, pour sa 2e participation à une épreuve World Tour, en distançant son leader, Jakob Fulgsang, et en prenant la 4e place de l’étape reine. Prometteur !
Chaves, Kruijswijk, Meintjes et Jungels, princes des Grands Tours
Un Colombien, un Néerlandais, un Sud-Africain, un Luxembourgeois. Ces 4 là en disent long sur la recomposition du cyclisme international. Si les nations européennes sont toujours là, elle doivent maintenant composer avec d’autres continents sur les plus grandes courses du calendrier : l’Afrique du Sud émerge, quand la Colombie n’a jamais été bien loin du peloton européen mais a désormais les moyens de ses ambitions. Il manquerait presque un coureur britannique pour parfaire le paysage, mais ce serait oublier qu’à Pretoria aussi, on parle la langue de Shakespeare. Alors va pour la touche british. S’il est trop tôt pour savoir si un de ces coureurs remportera un jour le graal, tous ont montré quelques prédispositions. Esteban Chaves (26 ans – Orica BikeExchange) ne mesure que 164 cm, mais il pourrait bien un jour se hisser sur le trône ! Certes il s’était déjà révélé l’an passé en terminant 5e de la Vuelta, mais il s’agit là d’un cas particulier. Victime d’une terrible blessure en 2013 (voir par ailleurs), la Vuelta 2015, bien qu’en fin de saison, avait été son acte de retour à des performances conformes à son talent. A tel point qu’on pourrait presque l’intégrer dans sa saison 2016. D’autre part, il a encore changé de dimension depuis, avec sa 2e place sur le Giro, sa 3e place sur la Vuelta et sa victoire sur le Tour de Lombardie. De là à croiser le fer avec Froome et Quintana sur le Tour 2017 ? Steven Kruisjswijk (29 ans – Lotto NL Jumbo) aussi, est un cas à part. S’il a déjà roulé sa bosse sur les Grands Tours (8e du Giro 2011 et 7e du Giro 2015), cette saison lui a permis de crédibiliser ses performances. Non, il n’est pas ce genre de coureur capable de tourner autour toute une carrière sans jamais conclure. Il s’en est fallu de peu pour qu’il ne remporte pas le Giro cette année : en tête avec 3 minutes d’avance à deux étapes de l’arrivée, il chute dans la descente du col d’Agnel et repart sans le moindre coéquipier à ses côtés. Il échoue finalement au pied du podium. Mais ce n’est peut être que partie remise, sur un malentendu ça peut encore passer… Côté fraicheur, il faut donc regarder vers Louis Meintjes (24 ans – Lampre-Merida – Futur Bahrain-Merida) et Bob Jungels (24 ans – Etixx QuickStep). L’un grimpe, l’autre roule. L’un a terminé 8e du Tour, l’autre a terminé 6e et meilleur jeune du Giro. L’un rêve d’être le 1er Africain à remporter un grand tour, l’autre rêve de succéder à Charly Gaul. Affaires à suivre…
Côté français, au tour de Pierre Latour !
Difficile de trouver une révélation absolue côté français. Qu’on ne s’y trompe pas, les résultats ont été bons, mais les Démare-Bardet-Alaphilippe entre autres sont déjà passés à la phase de confirmation. Même en grimpant dans la tour de contrôle du cyclisme français on aperçoit pas grand… bon sang mais si bien sûr : Pierre Latour (22 ans – AG2R La Mondiale) ! Sa victoire dans les nuages lors de l’avant dernière étape de la Vuelta est restée dans les mémoires, et son bon Tour de Suisse (en tête du général au soir de la 4e étape, puis 6e du général avant d’être contraint à l’abandon) ainsi que son top 10 sur un Tour de Lombardie taillé pour les grimpeurs, imposent le respect. Il sera, à n’en pas douter, un soutient précieux pour Romain Bardet dans sa quête de sommets. En attendant un jour son tour ?
Actualité cyclisme : pour retrouver toujours plus d’infos, cliquez ici !