Tour de France 2015 : L’hégémonie de Chris Froome

Plus qu’un jour à attendre avant le départ de la Grande Boucle depuis le Mont St-Michel, voici donc le dernier épisode de notre rétrospective des dix derniers Tours de France.

On espérait un Quintana capable de s’accaparer le maillot jaune, on espérait un Nibali capable de faire le doublé, on espérait un Contador muni des jambes qui ont fait de lui un double vainqueur du Tour, on espérait un Pinot capable d’un exploit. On espérait seulement un peu de suspense en fait ou quelqu’un capable de concurrencer Chris Froome, le favori annoncé sur la ligne de départ à Utrecht. Mais le britannique qui avait abandonné le Tour 2014 sur chute est revenu le couteau entre les dents et pour la deuxième fois de sa carrière Froome s’est montré le plus fort lors des trois semaines de course et a franchi la ligne d’arrivée à Paris le maillot jaune sur les épaules. Retour sur cinq moments marquants de ce Tour 2015.

Jaune maudit

Il ne faisait pas bon être leader du classement général en ce début de Tour de France. Au départ de la troisième étape à Anvers la tunique jaune appartient au suisse Fabian Cancellara, la 21^e fois de sa carrière qu’il a cet honneur. Peu avant la côte de Bohissau une chute spectaculaire ébranle le peloton, c’est le chaos sur la route. William Bonnet est le coureur le plus touché avec une vertèbre cervicale fracturée mais de nombreux coureurs laissent du « vernis » sur la chaussée dont Fabian Cancellara. Une chute si spectaculaire qu’elle entraînera l’arrêt du peloton par Christian Prudhomme afin de récupérer tous les éléments qui sont allées au sol. Il s’agit de la cinquième fois de l’histoire du Tour seulement que le peloton se trouve contraint à l’arrêt de la sorte.

Tony Martin en jaune après avoir remporté l’étape de Cambrai connaîtra lui aussi une belle mésaventure lors de la 6^e étape Abbeville – Le Havre. Dans la montée finale le coureur d’Etixx-Quick Step va au sol et se fracture la clavicule. Martin finira néanmoins l’étape le bras en écharpe mais poussé par ses coéquipiers, une de ses images qui fait la beauté de ce sport. Pour la petite histoire un de ses coéquipiers a connu une meilleure fortune sur cette étape c’est en effet Zdeněk Štybar qui a décroché la victoire au Havre.

Un conte de fée

Oui un conte de fée, c’est un peu ce qu’est l’histoire de l’équipe sud-africaine MTN-Qhubeka. La première équipe africaine de l’histoire à participer au Tour de France. L’aventure MTN-Qhubeka qui ne peut mettre que tout le monde d’accord, tout d’abord sur le côté sportif mais encore plus quand on connaît la démarche humanitaire entreprise par l’équipe qui met à disposition des bicyclettes aux familles démunies afin que les enfants puisse aller à l’école ou bien pour que des médecins puissent accéder à des zones reculées.

Mais la MTN-Qhubeka ne s’est pas alignée sur le Tour pour faire de la figuration et elle nous l’a prouvé ! Un coureur au maillot rayé noir et blanc s’est offert une victoire d’étape en la personne de Stephen Cummings. Le britannique s’est imposé à Mende en se jouant de Bardet et Pinot qui se sont trop regardés. On retiendra également la belle histoire de Daniel Teklehaimanot, l’érythréen a connu la joie de porter le maillot blanc à pois rouges durant quatre étapes.

Vuillermoz à Mûr-de-Bretagne

Alexis Vuillermoz avait déjà prouvé qu’il pouvait se mettre en évidence lors d’arrivées compliquées comme le montre sa sixième place en 2015 sur La Flèche Wallone. Mais le coureur d’AG2R La Mondiale va faire encore plus fort pour sa deuxième participation au Tour de France. Celui qui a fait ses armes au CC Étupes puis chez Sojasun s’offre une victoire d’étape ! La victoire de l’audace.

Samedi 11 Juillet : Rennes – Mûr-de-Bretagne. L’arrivée est jugée au sommet de cette côte de deux kilomètres mais au pourcentage moyen de 6,9 %. Un final pour costaud donc, ce n’est alors pas étonnant que ce soit Chris Froome qui mène la danse en début ascension en imposant comme à l’accoutumée un gros rythme. Mais la cadence du britannique va un peu faiblir, ce dont va profiter Vuillermoz qui passe à l’attaque. Le jeune français prend mètre après mètre, on n’ose y croire mais tout doucement son avance s’accentue. Et puis finalement il va le faire et aller lever les bras sur la ligne d’arrivée en devançant, excusez du peu, Daniel Martin, Alejandro Valverde et Peter Sagan.

Froome et les autres

14 juillet, première étape pyrénéenne avec Tarbes – La Pierre Saint-Martin, une seule grosse difficulté avec le col du Soudet, un hors-catégorie. Difficile de penser que de gros écarts pourraient se faire, c’est mal connaître Chris Froome ! Dès le début de l’ascension c’est Richie Porte, fidèle lieutenant de Froome qui mène le train et vu le rythme les wagons de derrière ont du mal à suivre. Le groupe des favoris s’égraine doucement mais sûrement.

Tour à tour Péraud, Bardet, Pinot et Nibali lâchent prise alors que la tête de la course n’a pas encore passée la banderole des 10 kilomètres. Peu après Alberto Contador devra rendre les armes face au tempo Sky. Seul Nairo Quintana s’accroche comme il peut, le grimpeur colombien va d’ailleurs sauter dans la roue de Froome qui décide d’attaquer à 6,5 kilomètres de l’arrivée mais il ne tient guère longtemps. Sans surprise Chris Froome s’impose, prend le maillot jaune et assomme tous ses concurrents par la même occasion selon la vieille marque de fabrique Sky.

Pinot / Bardet destins liés

Dès qu’un coureur français émerge un temps soit peu il devient alors le réceptacle des espoirs les plus fous. Quelques résultats et une victoire d’étape sur le Tour suffisent à faire de lui le successeur tant attendu de Bernard Hinault. Mais alors la pression et l’attente sont telles qu’à la moindre contre-performance le retour de bâton est terrible. Thibaut Pinot et Romain Bardet sont ces coureurs, ceux dont l’on attend monts et merveilles, ceux dont l’on attend un peu trop peut-être mais ils ont marqués le Tour 2015.

Lors de l’arrivée à Mende tout d’abord, à quelques mètres de l’arrivée on retrouve en tête Pinot et Bardet, seuls en tête, comment la victoire pourrait leur échapper ? Stephen Cummings le sait lui. Les deux coureurs français se redoutent, se marquent s’observent dans le final et ne voient pas Cummings qui revient comme une fusée, alors qu’il revient au contact le coureur de la MTN-Qhubeka continue son effort mais Pinot et Bardet font l’erreur de ne pas lui emboîter le pas. Enterrement de première classe pour les deux compatriotes. Néanmoins ils auront leur revanche, Bardet à Saint-Jean-de-Maurienne après être passé en tête dans les Lacets de Montvernier et Pinot sur le mythe de L’Alpe d’Huez.

Victoires d’Étapes :

1. Utrecht – Utrecht : Rohan Dennis (AUS)
2. Utrecht – Zélande : André Greipel (ALL)
3. Anvers – Huy : Joaquim Rodriguez (ESP)
4. Seraing – Cambrai : Tony Martin (ALL)
5. Arras – Amiens : André Greipel (ALL)
6. Abbeville – Le Havre : Zdenek Stybar (RTC)
7. Livarot – Fougères : Mark Cavendish (GBR)
8. Rennes – Mûr-de-Bretagne : Alexis Vuillermoz (FRA)
9. Vannes – Plumelec : BMC Racing 
10. Tarbes – La Pierre Saint-Martin : Christopher Froome (GBR)
11. Pau – Cauterets : Rafal Majka (POL)
12. Lannemezan– Plateau de Beille : Joaquim Rodriguez (ESP)
13. Muret – Rodez : Greg Van Avermaet (BEL)
14. Rodez – Mende : Stephen Cummings (GBR)
15. Mende – Valence : André Greipel (ALL)
16. Bourg de Péage – Gap : Ruben Plaza (ESP)
17. Digne-les-Bains – Pra-Loup : Simon Geschke (ALL)
18. Gap – Saint-Jean-de-Maurienne : Romain Bardet (FRA)
19. Saint-Jean-de-Maurienne – La Toussuire-Les Sybelles : Vincenzo Nibali (FRA)
20. Modane-Valfréjus – L’Alpe d’Huez : Thibaut Pinot (FRA)
21. Sèvres – Paris Champs-Elysées : André Greipel (ALL)

Classement général Tour de France 2014

1/10 : Tour 2006 : Entre deux orages … 

2/10 : Tour 2007 : L’avènement d’El Pistolero.

3/10 : Tour 2008 : Encore raté pour Evans.

4/10 : Tour 2009 : Contador double la mise.

5/10 : Tour 2010 : Le duel Schleck / Contador

6/10 : Tour 2011 : Histoire de seconds …

7/10 : Tour 2012 : L’année de Sir Bradley Wiggins

8/10 : Tour 2013 : It’s Froome Year

9/10 : Tour 2014 : Nibali Puissance 4