Le championnat d’Europe de Cyclisme qui se tiendra du 14 au 18 septembre à Plumelec est un événement qui s’est organisé dans une relative indifférence, les regards en 2016 s’étant braqués sur les JO et non cette nouvelle compétition réservée auparavant aux juniors. Pour autant, un camion meurtrier a failli provoquer l’annulation de cette compétition.
Un remplacement dans l’urgence
Le championnat d’Europe Elite devait être la grande nouveauté de la saison 2016. Pour autant, cette compétition a failli ne pas avoir lieu. En effet, suite à la tragédie du 14 juillet sur la promenade des anglais à Nice, la ville n’était plus en mesure de garantir le dispositif de sécurité nécessaire à la bonne tenue de la compétition, et a donc décidée le 5 août, par la voix de son maire, Philippe Pradal, d’annuler la compétition, soutenu également par la fédération monégasque qui devait également accueillir la compétition.
Dans l’urgence, 4 candidatures régionales ont été transmises à l’Union Européenne de Cyclisme (UEC) : le Yorshire, le Trentin, la ville d’Offida (Marche) et enfin la Bretagne (Plumelec). Pour la France cette proposition a été soutenue fortement par David Lappartient, maire de la commune de Sarzeau situé à 50 km de la ville bretonne candidate, président de la Fédération Française de Cyclisme, et accessoirement… président du comité d’organisation du weekend cycliste de Plumelec ET président de Union européenne de cyclisme, organe décisionnaire en la matière.
David Lappartient : juge et partie ?
Décision d’autant plus politique car David Lappartient déclarait également par rapport aux autres candidatures : « (…) C’était le cas du Yorkshire en Angleterre, mais la fédération ne voulait pas. Il y avait aussi le Trentino en Italie, mais en vue des Jeux Olympiques 2024, nous voulions prouver que nous étions capables d’organiser de manière rapide une grande compétition ». Les jeux Olympique devenaient donc un argument éminemment politique dans le choix de la ville. D’autant plus que Paris sera en compétition avec Rome, donc l’Italie, pour cette organisation en 2024. Et plus dangereux, l’organisation en urgence d’un tel événement devenait également un enjeu.
Les arguments de Plumelec repose sur un passé propice aux grandes compétitions et aux courses de circuits : le Tour de France y est passé cinq fois, dont la dernière fois en 2015 et trois championnats de France professionnels s’y sont déroulés. En plus de l’habituel GP de Plumelec, épreuve UCI classée en catégorie 1.1 dont Samuel Dumoulin (AG2R) est le dernier Lauréat.
Un challenge ambitieux
Pour autant, le challenge sera dur à relever et pourrait être à double tranchant. Il faudra l’intervention de plus de 300 bénévoles, une logistique conséquente à mettre en place, et des exigences en matière de sécurité allant bien au-delà de la simple organisation de l’habituel Grand Prix. La ville en est capable, en atteste son historique dans les grandes compétitions avec l’épreuve la plus importante du calendrier, pour autant les délais s’avèrent tellement courts, que la moindre anicroche pourrait avoir des conséquences que le temps ne permettrait pas de résoudre. Car les chiffres font peurs : 50 fédérations, 800 coureurs, 12 compétitions, 200 journalistes, 25 000 spectateurs attendus la journée du dimanche pour admirer les Peter Sagan, Philippe Gilbert et autres Julian Alaphilippe.
Dans un calendrier UCI 2017 faisant la part belle aux courses World Tour, au détriment des compétitions nationales, le symbole pourrait être fort afin de mettre en valeur ces acteurs locaux que l’UCI ne souhaite plus voir: Plumelec avec sa côte de Cadoudal longue de 1 kilomètre 800 et présentant un dénivelé moyen de 7,8% présente un parcours alléchant, avec un historique solide qui justifie sa sélection. Les bénévoles et la commune ont prouvé qu’ils étaient tout à fait capable de réaliser cet exploit. On espère juste qu’ils ne manqueront ni de temps ni de moyens, au vu de l’enjeu.
Lappartient a plusieurs casquettes et la décision lui appartenait, forcément ! Il portera donc le chapeau à Plumelec, mais avec la côte qu’il y a et celle qu’il peut avoir, Cadoudal l’aidera en en faire un roi !