On l’avait quitté souffrant et désabusé lors de la 10e étape du Tour de France, après sa chute dès les routes manchoises. Mais Alberto Contador possède des ressources et une force mentale que beaucoup pourraient lui envier. Et c’est surtout un intarissable attaquant, qu’il soit chasseur ou chassé, en pleine forme ou en coups d’éclats.
L’incertitude sur sa forme
Comme après son abandon lors du Tour de France 2014 suite à une fracture de la jambe, on ne mettait pas cher des chances du Madrilène sur ce Tour d’Espagne. Mais s’il avait réussi à être présent et à s’imposer sur la Vuelta il y a deux ans, grâce une échappée qui restera dans les annales et une concurrence moins forte et organisée, alors que personne ne pensait capable de le voir au départ de l’épreuve, on sentait cette année, le leader de la Tinkoff un peu en retrait. L’âge et le niveau de l’adversité n’aidant pas, il était très difficile pour les suiveurs d’évaluer sa capacité à être au premier plan et à se battre avec les (autres???) favoris qui étaient Froome, Quintana, Chaves ou Valverde.
Le panache dans le sang
Et les interrogations ont grandi au moment de sa chute, lors du septième jour de course, dans un final tendu et à couteaux tirés, où Alberto Contador n’a pas hésité à fustiger l’attitude de certains de ses congénères, assoiffés de placement et éructant la cassure, à l’approche des trois derniers kilomètres. Maillot déchiré, touché à l’épaule et la hanche gauche, on se préparait à revivre le scénario d’un retrait prématuré sur son deuxième Grand Tour de la saison, une première, et à débattre sur son possible déclin. Mais le triple vainqueur sur les routes espagnoles ne s’en est pas laissé compter. Bien qu’il eut quelques difficultés lors des premières arrivées au sommet où la bagarre s’est (un peu) déclenchée, en perdant plus de 2’30, il réalise un début de troisième semaine assez épatant. Dimanche, lors de l’étape menant le peloton à Aramon Formigal, le coureur âgé de 36 ans a rapidement lancé une offensive, rejoint par plusieurs coureurs dont Nairo Quintana, le Maillot Rouge en personne. Et celle-ci fut payante puisqu’ils ont ainsi relégué Froome à deux minutes et que le Britannique ne comptait plus désormais moins 25 secondes d’avance sur l’Espagnol. Aujourd’hui, rebelote avec son accélération peu après le pied du col final des Camins de Penyagolosa. S’il lança les hostilités, Quintana et Chaves purent le suivre et Froome, à son capteur de puissance, revint peu après sur le trio. Aucun de ces trois-là ne répliquèrent et le quatuor passa ensemble sur la ligne d’arrivée, figeant les positions au classement général.
Tout tenter ou jouer à l’épicier
La volonté d’attaquer d’Alberto Contador n’est plus à démontrer. Tandis que la mode est de sucer les roues afin de préserver sa place dans le TOP 10 dès la deuxième arrivée au sommet et non d’en gagner, le comportement de l’Espagnol est tout à fait en phase avec le cyclisme, le vrai. Faisant partie de ceux qui sont capables de faire des barouds de 60 bornes et d’être imprévisible, il est nécessaire aux Grands Tours pour son panache et ses attaques. (Quintana n’aurait sûrement pas eu l’idée d’attaquer et n’aurait donc pas repris deux minutes à Froome de cette façon si le septuple, selon la police, vainqueur de Grands Tours n’avait pas eu cette idée folle). Ceci sera-t-il suffisant sur cette Vuelta pour espérer un morceau de gloire??? Rien ne peut le dire. Dimanche, il a craqué dans le final et aujourd’hui, il n’a pas pu faire la différence. Soit toutes ses forces jetées dans la bataille épuiseront ses adversaires, soit c’est lui-même qu’elles épuiseront. Le prix à payer peut-être important, car actuellement quatrième à 5″ su podium et à 25 de la deuxième marche, avec un contre-la-montre sans grande difficulté et une dernière étape de montagne à la montée finale pimentée, il faudra la jouer fine. Mais quitte à tout perdre, soyons sûr que le natif de Pinto jouera jusqu’au bout sa dernière carte en tentant une ultime attaque.
Votre enthousiasme sur la manière de courir de Contador ne peut qu’être partagé mais votre propos de reléguer les coureurs des top 10 à de simples « suceurs de roues » est totalement déphasé quant à la réalité de la pratique du cyclisme.