Une saison de premières
En costaud, Pippo gagne à San Remo. Pozzato résiste au peloton, réglé par Petacchi le tenant du titre ; Boonen fait quatre. C’est son premier et dernier Monument. Il a encore fini huitième cette année de la Primavera. Depuis, l’Italie n’a plus levé les bras sur la via Roma.
A Roubaix, Fabian Cancellara gagne son premier Monument. Spartacus et ses cuisses deviennent tout-terrain. S’ouvre une décennie de lutte féroce avec Boonen. Avec trois victoires chacun, ils vont égaler les géants Museeuw et Magni dans un contexte d’intense rivalité. Et doubleront à deux reprises, chacun, Ronde et Roubaix.
Fränk Schleck emporte en solitaire l’Amstel devant Steffen Wesemann et Michael Boogerd (l’un de ses sept podiums, pour une victoire, en dix participations).
Alejandro Valverde commence sa moisson ardennaise : première Flèche Wallonne et premier Liège (devant Bettini).
Au sprint, à San Sebastian, Xavier Florencio, Bouygues Telecom, règle un peloton d’une cinquantaine de coureurs après une échappée fleuve. La meilleure saison de celui qui a écumé les équipes sulfureuses de la ONCE à la Geox. Il officie désormais dans l’encadrement technique de la Katusha.
Le jeune Nibali, 21 ans, éclate au grand jour à Plouay où Vincenzo réalise un joli numéro. Il devance notamment, au finish, Juan Antonio Flecha, son ancien coéquipier de la Fassa-Bortolo.
En solitaire, Samuel Sanchez gagne à Zürich sous une pluie battante début octobre. Derrière, O’Grady règle Rebellin et Boogerd. C’est la saison de la révélation du basque, deuxième sur la Flèche Wallonne, vainqueur sur la Vuelta, septième au général. Il éjecte Iban Mayo d’Euskaltel, qui sombrera à la Saunier.
Sans oublier les victoires d’Hushovd sur Gand – Wevelgem et d’Oscar Freire à Hambourg devant Zabel et Pozzato.
Hincapie pas verni
Sur le Ronde, son co-équipier, belge, Leif Hoste l’aurait berné en coopérant à l’avant avec le grand rival, et favori, Boonen. Lequel gagne son deuxième Ronde consécutif. Michael Barry, ex-Disco, balance huit ans plus tard des accusations d’achat de la course. Démenties dans la foulée par Hoste.
Le dimanche suivant, sur le secteur 10 de Mons-en-Pévèle, c’est sa potence qui le lâche. Soleil. Clavette.
Leif Hoste, décidément dans tous les bons coups du printemps, est l’un des trois déclassés à l’arrivée dans la fameuse affaire du passage à niveau. Boonen fait deux et non pas cinq à Roubaix.
Guesdon à Tours
Neuf ans après sa victoire à Roubaix, Frédéric Guesdon enlève la classique française des feuilles mortes. Cinq ans après Richard Virenque. De retour de suspension, il avait gagné le doigt en l’air sa seule classique. Une victoire en solo après une journée en duo avec Jacky Durand, vainqueur ici en 1998.
Au nom du frère
Après un printemps secoué l’affaire Puerto, le Tour de France du « renouveau » démarre sans quelques favoris interdits de départ. Landis gagne mais est contrôlé positif. Pereiro, baroudeur sous AUT suspecte, est déclaré vainqueur plus d’un an après. On touche le fond.
A Salzbourg, fin septembre, Paolo Bettini donne un récital et se joue de Zabel et Valverde au sprint. Champion du monde, il perd son frère quelques jours plus tard. Vertige de l’émotion, Paolo, campionissimo, gagne seul son deuxième Lombardie. Porté par une exaltation infinie, Bettini marque les esprits. On touche au sublime.