Tadej Pogačar n’a plus rien à prouver, il n’écrit plus que l’histoire. Dimanche, à Kigali, le prodige slovène a réalisé l’impensable : conserver son maillot arc-en-ciel de champion du monde. Une victoire sculptée dans la douleur et la sueur, acquise au terme d’une échappée en solitaire de 66 kilomètres. Un numéro d’audace qui couronne une saison 2025 déjà parfaite et inscrit un peu plus son nom au panthéon du cyclisme.
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Kigali, un parcours pour l’histoire
Pour sa première édition en terre africaine, l’UCI n’avait pas lésiné sur la difficulté. Le parcours rwandais était une bête féroce : 267,5 km pour un dénivelé vertigineux de 5 475 mètres. Au menu, l’ascension répétée du Mont Kigali et l’infâme « Mur de Kigali », une courte mais terrible montée pavée à 11%, située à plus de 1 700 mètres d’altitude. Un décor parfait pour un scénario de légende.
La stratégie slovène fut limpide : frapper tôt et fort. À 104 km de l’arrivée, Pogačar accélérait dans le Mont Kigali, emmenant dans son sillage ses lieutenants chez UAE Team Emirates, Juan Ayuso et Isaac del Toro. Mais le plan d’équipe idéal a vite volé en éclats. « Juan a eu un problème mécanique sur les pavés, et Del Toro souffrait de problèmes gastriques. Je me suis donc retrouvé seul bien plus tôt que prévu » a relaté le champion Slovène.
Le contre-la-montre d’un solitaire
Abandonné par ses équipiers, Pogačar a choisi l’attaque. Seul. Pendant 66 kilomètres, sous une chaleur accablante, le Slovène a livré un contre-la-montre épique, tenant tête à un peloton pourtant déterminé à le reprendre.
« Le parcours devenait de plus en plus dur à chaque tour. Bien sûr, des doutes surgissent, mais il faut continuer et espérer » a-t-il confié, évoquant les moments de doute. Derrière, son grand rival Remco Evenepoel (Belgique) voyait ses espoirs s’envoler à cause de problèmes mécaniques à répétition, avec deux changements de vélo. Impuissant, il concédait finalement 1 minute et 28 secondes, décrochant la médaille d’argent. Ben Healy (Irlande) complétait le podium.
2025 : L’année de tous les records
La victoire à Kigali est la pierre angulaire d’une saison d’une incroyable perfection. En 2025, « Pogi » a tout gagné, ou presque :
Tour de France : Son 4e sacre (2020, 2021, 2024, 2025).
Les Monuments : Liège-Bastogne-Liège et le Tour des Flandres.
Les classiques ardennaises : La Flèche Wallonne.
Les préparations : Les Strade Bianche et le Critérium du Dauphiné.
Cette performance confirme une trajectoire unique. Après avoir réalisé en 2024 le « Triple Crown » (Giro, Tour et titre mondial), un exploit inédit depuis Stephen Roche en 1987, Pogačar devient le premier coureur de l’histoire à conserver simultanément le maillot jaune du Tour de France et le maillot arc-en-ciel deux années de suite.
Un palmarès qui parle pour lui
À seulement 27 ans, Tadej Pogačar force déjà les comparaisons avec les plus grands.
Grands Tours : 4 Tours de France, 1 Tour d’Italie.
Titres Mondiaux : Vainqueur en 2024 et 2025.
Monuments : 9 victoires (Tour de Lombardie x4, Liège-Bastogne-Liège x3, Tour des Flandres x2).
Règne mondial : Numéro 1 UCI de 2021 à 2024.
Kigali, un championnat du monde qui change la donne
L’édition 2025 restera dans les annales. En accueillant les Mondiaux pour la première fois en plus d’un siècle, le Rwanda et sa capitale Kigali ont offert un cadre spectaculaire et une difficulté sans précédent, créant un événement unique qui a marqué l’histoire du sport.
La légende est en marche
La victoire de Tadej Pogačar à Kigali n’est pas un point final, mais un nouveau chapitre. Son audace, sa versatilité sans égale et son humilité définissent un athlète hors norme. Alors qu’il continue de repousser les limites du possible, une seule question subsiste : jusqu’où le « roi Pogi » peut-il repousser l’histoire du cyclisme ? Le monde du vélo, médusé, attend la suite.
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