
À seulement 23 ans, la Néerlandaise Fem van Empel, triple championne du monde de cyclocross en titre, annonce une rupture totale et indéterminée avec la compétition. Décryptage d’une décision radicale qui ébranle le monde du cyclisme et met en lumière la pression mentale de l’élite sportive.
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Un signal d’alarme sur le Koppenberg : la révélation qui a tout changé
Le 1er novembre dernier restera comme la date qui a scellé l’avenir immédiat de Fem van Empel. Sur l’exigeant Koppenbergcross, la championne, habituée à la victoire, abandonne. Un geste rare pour elle. Dans les heures qui suivent, elle réalise l’évidence : son corps et son esprit ont conjointement capitulé. Ce n’était pas une simple contre-performance, mais le dernier maillon d’une chaîne d’avertissements ignorés.
« Je ne suis pas du genre à abandonner facilement » confiera-t-elle. Pourtant, ce jour-là, une décision inconsciente mûrissait déjà. Cette course fut le point de non-retour, le moment où l’athlète a choisi d’écouter sa santé mentale plutôt que la pression du circuit professionnel.
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Un départ consensuel mais lourd de sens : la fin de l’ère Visma | Lease a Bike
Au 1er janvier 2026, les liens contractuels qui unissaient Fem van Empel à la puissante équipe Visma | Lease a Bike seront officiellement dissous. Une séparation négociée à l’amiable, mais qui marque un coup d’arrêt spectaculaire dans une carrière jusque-là linéaire et triomphale.
Richard Plugge, directeur général de l’équipe, ne cache pas sa déception mais affiche un soutien sans faille. « Son départ est regrettable, mais nous respectons pleinement sa décision. Elle a écrit l’histoire avec nous » déclare-t-il, reconnaissant l’apport considérable de la jeune femme : trois titres mondiaux et trois titres européens consécutifs, 18 victoires en Coupe du monde. Un palmarès colossal pour une athlète qui n’a pas encore 25 ans.
Le bien-être mental au cœur de la stratégie : un précédent qui questionne
Ce n’est pas la première fois que la Néerlandaise marque une pause. En mars 2025, déjà, elle s’était retirée temporairement après le Trophée Alfredo Binda. Une première alerte. Cette période lui avait permis de se recentrer sur son bien-être et de gérer des soucis physiques.
À l’époque, elle avait fait le choix radical de renoncer à la saison sur route pour préparer un retour ciblé sur le cyclocross. Sa rentrée en septembre à Fourmies, puis ses deux victoires en début de saison hivernale, avaient laissé croire à un retour au sommet. Illusion trompeuse. Le Koppenbergcross a révélé la persistance d’un mal-être profond, bien au-delà d’une simple fatigue passagère.
L’absence de plaisir : le moteur qui s’est éteint
L’explication de son retrait est aussi simple qu’implacable : la flamme est éteinte. « Actuellement, je ne retrouve plus la motivation ni le plaisir que j’avais à faire du vélo pendant des années » explique-t-elle avec une lucidité frappante.
Pour un athlète de haut niveau, dont l’existence est rythmée par l’entraînement et la compétition, cette perte de sens est un séisme. Van Empel a préféré la franchise et la transparence avec son équipe, refusant de continuer par simple obligation professionnelle. « Je voulais être juste et honnête » insiste-t-elle. Son intégrité prime sur sa carrière.
Quelles conséquences pour le cyclocross mondial ?
Le départ, même temporaire, de sa dominatrice laisse un vide considérable dans le paysage du cyclocross féminin. Son absence remet en jeu tous les titres majeurs et ouvre la porte à une nouvelle génération.
Cette décision interroge aussi le modèle de suivi des athlètes dans le cyclisme professionnel. À une époque où les calendriers sont surchargés et la pression médiatique amplifiée par les réseaux sociaux, la santé mentale devient un enjeu critique. Le cas van Empel, aussi médiatisé, pourrait inspirer d’autres athlètes à prioriser leur équilibre psychologique.
Et maintenant ? Le futur incertain d’une championne en quête d’elle-même
Fem van Empel tourne résolument la page. « C’est le bon moment pour un nouveau chapitre » affirme-t-elle, sans donner d’indices sur la nature de ce nouveau départ. Retraite sportive définitive ? Longue reconversion hors des pelotons ? Simple année sabbatique ? Les spéculations vont bon train.
Une chose est certaine : la jeune femme, entourée du soutien de son équipe, de sa famille et de ses fans, prend le temps de se reconstruire, loin de la frénésie des compétitions. Son courage de mettre sa santé mentale au premier plan, au risque de sacrifier une carrière dorée, lui vaut déjà le respect unanime de la communauté cycliste.
Son histoire rappelle que derrière les titres et les victoires, les athlètes restent des êtres humains, vulnérables. Un message puissant, dans un monde du sport où la performance règne trop souvent en maître absolu.


L’analyse s’avère ici aussi respectable que respectueuse. Chaque cas est bien sûr différent, mais cela s’apparenterait à une forme de ce que l’on appelle communément un burn-out. De ce fait, un retour dans les pelotons parait très hypothétique. Quoi qu’il en soit, les fans de cyclo-cross ne peuvent et ne pourront oublier, en dehors des victoires, l’extraordinaire aisance et légèreté de cette grande athlète, d’ incomparable allure. Bonne chance à F. Van Empel dans la suite de ses projets et aventures !