Le palmarès de Christopher Froome ne semble pas séduire ceux qui les préfèrent construits sur toute une année à ceux qui se bâtissent sur la seule période du mois de juillet. Chez les puristes de la manière, ils apparaissent moins glorieux et ne retiennent pas ou peu leur attention. C’est le cas pour celui de Christopher Froome (Sky) quadruple vainqueur du Tour de France qui à leurs yeux fait figure de « petit coureur » de trois semaines en été. Mais soyons objectif, ce que l’on ne pardonne pas à l’un on le pardonnerait assez facilement à l’autre si Romain Bardet était dans la position du Britannique. Beaucoup le porteraient aux nues et il serait un immense champion avec les faveurs du chauvinisme.
Romain Bardet ne gagnerait que le Tour de France. Ce serait déjà bien !
Alors que son palmarès est beaucoup plus fourni que celui de Romain Bardet, avec entre autres, deux Tours de Romandie, trois Critériums du Dauphiné et dix étapes de grands Tours dans son escarcelle, Christopher Froome ne semble pas être pris au sérieux dans sa construction à l’économie. Pour qu’il est une légitimité dans le cercle prestigieux des légendes qui ont forgé leur palmarès sur les nombreuses épreuves auxquelles ils ont participé, il faudrait que Froomey soit présent une bonne partie de l’année sur le calendrier World Tour et gagne surtout des courses qui lui permettraient d’acquérir ses lettres de noblesse pour jouir d’une grande notoriété auprès de ses plus fidèles détracteurs. Ce qui est valable pour le Britannique serait aussi valable pour le français qui termina 2e de la Grande Boucle en 2016 et 3e cette année à une seconde près de se faire déloger de cette place par l’espagnol Mikel Landa (Sky). Mais pourquoi toujours se référer au passé quand il faut vivre dans l’instant présent. Les athlètes seront toujours soumis aux exploits de leurs prédécesseurs et ce n’est pas pour autant qu’ils déméritent là ou les autres ont réussi avec plus d’exubérance dans leurs résultats. Certes, les anciens champions multititrés resteront à jamais des références, c’est aussi le cas dans d’autres domaines de la vie, comme celui de la musique où les grands compositeurs classiques comme Mozart ou Beethoven sont des génies qui ne seront jamais égalés. Mais si Romain Bardet en était à son quatrième Tour de France dans la musette, et rien d’autre, pourquoi faudrait-il lui en demander plus que de raison. Un homme a-t-il besoin d’être dans la surenchère de records sur son chemin personnel pour être crédible aux yeux des autres, surtout ceux qui jugent bien trop souvent sur la performance au lieu de demander aux premiers intéressés s’ils composent leur vie sans forcément qu’elle soit héroïque plus qu’il ne faut mais en y donnant un sens et sainement.
Une époque est révolue, place au minimalisme des records ciblés
Dans le cyclisme moderne, il va falloir se contenter de peu. Peu de Grands Tours enchaînés et gagnés comme par le passé pour les coureurs dont les objectifs principaux sont tournés vers deux sacres dans la même année. Quant aux hommes de classiques, eux, ont toujours un champ de tir beaucoup plus large que ceux qui visent les courses de trois semaines. Alors reverra-t-on un jour un coureur enfiler toutes ces épreuves du calendrier comme on enfile les perles pour se fabriquer un tableau de chasse mirifique ? Sans doute pas. Ce qui laisse supposer que les anciennes légendes du cyclisme avaient plus de force, plus de caractère, plus de tout pour se dépasser et accumuler les titres. Peut-être, mais faire des comparaisons revient à sous-estimer l’homme d’aujourd’hui qui ne vit plus à la même époque du sacrifice à outrance et n’est sans doute plus muni d’une invincibilité perfusée dans ses gènes dès sa naissance.
Vidéo – Christopher Froome, un « petit » champion à qui cela plait sûrement
Le bilan du Tour de France 2017, équipe par équipe
Site officiel du Tour de France 2017