Du sable, il n’y avait que du sable dans les rues de Dubaï, un petit village isolé du reste du monde dans les Émirats arabes unis qui ne vivait que de la pêche aux perles à la fin du XIX siècle et puis un jour, quarante ans plus tard, c’est une puissance économique dans un décor en carton patte qui a surgi d’une tempête de grains dorés avec dans la précipitation à échafauder son extravagance de luxe, des compétitions sportives comme le Tour de Dubaï qui sont venues s’y greffer baskets aux pieds. Une course qui soulève du sable au passage des coureurs, une course à la gloire des sprinteurs qui ne s’enlisent jamais sur cette épreuve.
Un public néant au Tour de Dubaï, mais un marchand de sable heureux
L’appétit des sprinteurs au pays de la démesure qui n’est pas toujours de très bon goût est largement rassasié depuis la naissance du Tour de Dubaï en 2014. Mark Cavendisk (Dimension Data) et Marcel Kittel (Katusha-Alpecin) se sont partagé le palmarès, 2015 pour le Britannique, 2016-2017 pour le colosse allemand, sans parler des victoires d’étapes glanées par d’autres fous furieux du sprint. La première édition a été remportée par Taylor Phinney (EF Education First-Drapac) sacré roi du dessert grâce à ses qualités de rouleur qui lui avait permis de dominer Tony Martin (Katusha-Alpecin) et Fabian Cancellara ex-Trek-Segafredo. Les gros moteurs avaient eu la chance de pouvoir s’exprimer dans leur domaine de prédilection cette année-là, mais depuis le contre-la-montre qui avait inauguré la première édition du Tour de Dubaï s’est envolé comme du temps inutile qui aurait été crédité aux sprinteurs dans les deux dernières éditions. Bref, tout cela sous les yeux d’un public omniabsent et c’est sûrement les mains du marchand de sable qui s’emmerdent le moins sur le bord de la route.
La course n’est pas très passionnante en soi, mais il est toujours intéressant d’y observer les niveaux des équipes de sprinters au tout début de la saison… Le tour du Qatar, désormais disparu pour « des raisons financières » ( et là, il ne faut pas en sourire), possédait quant à lui un réel intérêt sportif dans son déroulement, avec les étapes « à bordures » ou son contre-la-montre…
Ce serait toute l’organisation du cyclisme professionnel qu’il faudrait questionner ici ! Que serait le circuit pro sans les équipes Abu Dabi, Bahrain ou Astana ? Y-a-t-il un salut sans l’argent du pétrole?…
Et puis sans doute avez-vous remarqué que certaines étapes du tour de France sont parfois tout aussi insipides… Que penser de la si désolante étape Périgueux- Bergerac 2017 , au pays des forêts du Périgord, des châteaux, des rives de la Dordogne, devant ces milliers de spectateurs acquis à la cause du vélo professionnel et à la course, seulement tristes de n’y retrouver l’enfant du pays, Mickael Delage, éliminé la veille ?… Et de cette si belle épreuve qu’est l’Etoile de Bessèges, version 2018, qu’en est-il sorti ?… Des sprints, que des sprints, souhaités et recherchés avec acharnement par l’essentiel des équipes continentales pro françaises, toutes embarquées dans la parodie de l’organisation des équipes world-tour… Faudrait-il aimer ce tour de Dubai ?… Je crains que certains ne soient pas posé la question très longtemps …