Nota Bene/ Ceci est un article sur Romain Bardet. Pourtant il n’y sera pas fait référence au parcours universitaire de celui que l’on surnomme « l’intello du peloton ». Désolé.
Un petit communiqué glissé à l’improviste sur le site de sa formation. C’est sous cette forme que Romain Bardet a affiché ses ambitions pour la 110e édition du Tour de Lombardie, qui s’élancera ce week-end pour 241 km entre Côme et Bergame : « J’aime le Tour de Lombardie. C’est une course légendaire qui me convient et dans laquelle j’espère m’illustrer. J’espère que la fin de saison italienne sera une réussite mais nous abordons cet ultime objectif avec des ambitions renforcées par de bonnes performances au Tour d’Emilie ». Une prise de parole qui en dit long sur la personnalité du coureur d’AG2R-La Mondiale. Car si dans le microcosme des déclarations médiatiques, on distingue classiquement les modestes (Ex : « D’abord prendre du plaisir à rouler, le reste viendra tout seul »), les ambitieux (Ex : « J’ai les jambes, la victoire est mon seul moteur ») et les malins (Ex : « Dans ma carrière, j’espère gagner un Tour de Lombardie de plus que Lance Armstrong »), Romain Bardet, lui, est un peu les trois à la fois. Tout ce qu’il faut pour l’emporter ce week-end. Qu’on se le dise, le natif de Brioude se refuse à l’automne, et il entend bien raviver le soleil de juillet sur la classique des feuilles mortes.
1. Parce que le tracé est taillé pour lui
Puncher – Grimper – Descendre. C’est la Sainte Trinité de ce Tour de Lombardie 2016. Un parcours plus corsé depuis 2 ans. Peu de chances donc que le peloton arrive groupé à l’approche de la ligne comme en 2014, ou qu’un pur puncheur au profil similaire à Philippe Gilbert (vainqueur en 2009 et 2010) ou Paolo Bettini (vainqueur en 2005 et 2006) l’emporte. Avec 4400m de dénivelé (soit 900m de plus que la saison dernière), deux nouvelles montées inédites (Sant Antonio Abbandonato, 6,5 km à 8,9% de moyenne et Miragolo San Salvatore, 8,7 km à 7%), 48 km d’ascension et seulement 10 km de plat dans les 115 derniers km, ce Tour de Lombardie consacrera un coureur complet, c’est à dire un grimpeur explosif, bon descendeur de surcroit. Bref un Vincenzo Nibali. Sauf que l’Italien (31 ans – Astana – Futur Bahrain-Merida), vainqueur l’an passé, ne sera pas de la petite sauterie lombarde. Romain Bardet lui, en sera. Excellent grimpeur (vainqueur sur le Tour au Mont Blanc en 2016 et à Saint Jean de Maurienne en 2015, et accessoirement 2e du Tour et du Dauphiné 2016), bon puncheur (6e et 10e de Liège-Bastogne-Liège en 2015 et 2014), et virtuose des trajectoires en descente grâce à sa pratique récurrente du VTT, le coureur d’AG2R-La Mondiale a une bonne tête de vainqueur.
Bardet, virtuose de la descente – Col d’Allos, Dauphiné 2015
2. Parce qu’il grimpe plus vite que les voitures FDJ
Le 19 mars dernier, Arnaud Démarre (25 ans – FDJ) remportait Milan-San Remo, la première victoire française sur un monument du cyclisme depuis le triomphe de Laurent Jalabert sur le Tour de Lombardie 1997. On pensait l’affront lavé, mais l’histoire était trop belle pour Matteo Tosatto (42 ans – Team Tinkoff) qui accusa le Français, à terre à 30 km de l’arrivée, de s’être accroché à la voiture FDJ dans le Cipressa pour recoller au groupe de tête avant la dernière difficulté de la course, le fameux Poggio. Si cette sortie est restée sans suite, elle a entaché la performance du Picard. De la Primavera à la classique des feuilles mortes, De San Remo à Bergame, Romain Bardet a l’opportunité de venger le sprinteur et le cyclisme français. D’une part parce qu’il grimpe mieux que Démare et qu’il est peu probable qu’il puisse être accusé de « remorquage en côte », et d’autre part parce que quand bien même il s’accrocherait à un véhicule, Tosatto sera trop loin pour le voir.
3. Parce qu’il est déjà dans la place
« Romain avait plus de 15 de moyenne en 2015 » déclarait à l’époque l’un de ses professeurs à l’Ecole de Management de Grenoble. Alors vous allez me dire : « Vous n’avez pas respecté le Nota Bene du début d’article ». C’est vrai. Et vous allez ajouter : « En plus quel est le rapport ? ». Aucun. Ah si… Romain Bardet aime les moyennes élevées, et notamment les Lombardes. C’est peu connu, mais il partage avec Joaquim Rodriguez (37 ans – Katusha) le record d’ascension du terrible Mur de Sormano (2 km à 15,8% de moyenne), qui ne sera pas sur le parcours cette année. Plus récemment, il a marqué les esprits en prenant la 2e place du Tour d’Emilie à l’arrivée de la terrible cote de San Luca (2 km à 11% avec des passages à 17%).
Le terrible Mur de Sormano
4. Parce qu’il pourrait pleuvoir
Le crachin pourrait venir jouer le trouble-fête sur le parcours. Et ne comptez pas sur Romain Bardet pour avoir du chagrin. Il affectionne ce genre de temps où les risques augmentent et où chacun est plus exposé. C’est d’ailleurs sous la pluie qu’il avait triomphé en juillet dernier lors de la 19e étape du Tour de France.
Bardet s’impose sous la pluie lors de la 19e étape du Tour 2016
5. Parce que Thibaut Pinot n’est pas là
Meilleurs amis ? Meilleurs ennemis ? Depuis les catégories jeune, les deux pépites françaises se livrent un duel à distance. Si à 17-18 ans, Thibaut Pinot (26 ans – FDJ) avait l’avantage, la tendance s’inverse progressivement. Pinot a fait 3e du Tour 2014 ? Bardet a fait 2e en 2016 ! Pinot a fait 3e du Tour de Lombardie 2015 ? Bardet pourrait être tenté de faire mieux ce week-end ! L’absence de Pinot, c’est aussi le gage pour Bardet de ne pas perdre ses moyens en tête de la course : en 2015, échappés ensemble sur l’étape du Tour qui arrivait à Mende, ils s’étaient fait surprendre par un troisième larron, Steve Cummings (35 ans – Dimension Data). En 2016 sur l’étape reine du Dauphiné, les revoilà échappés ensemble. A 3 km de l’arrivée, Bardet, placé au général, attaque Pinot qui visait l’étape. Tentative infructueuse puisque que le coureur de la FDJ est revenu, a cessé sa collaboration, et a attendu l’arrivée pour cueillir un Bardet émoussé par son effort, et qui est sans doute passé également à côté de quelques précieuses secondes pour le général.
Pinot devance Bardet sur l’étape reine du Dauphiné 2016
6. Parce qu’il ressemble à Gilles Delion
Les comparaisons. La plaie de tous les sportifs. On ne recense plus en France, le nombre de nouveaux Zidane ou de nouveaux Hinault. Des caractéristiques physiques pas trop différentes, des origines géographiques pas trop éloignées, un même goût prononcé pour les classiques, fait rarissime dans le peloton (sic), et l’affaire est pliée : Romain Bardet sera le nouveau Gilles Delion, vainqueur du Tour de Lombardie en 1990. Les comparaisons. L’opium de tous les suiveurs. Oui mais si cette fois c’était dla bonne ? (Pardon, « la bonne »). A Romain Bardet de décider s’il ressemble à Gilles Delion de près, ou de loin.
7. Parce qu’il a l’équipe et la condition pour faire exploser la course
Dans sa quête de victoire, Romain Bardet pourra compter sur une équipe trois étoiles. Son fidèle lieutenant Mikael Cherel, et Jan Bakelants (5e du récent Tour d’Emilie) seront là pour imprimer le bon tempo, comme sur l’étape reine du dernier Dauphiné. Pierre Latour (vainqueur de la dernière étape de montagne sur la Vuelta 2016) et le puncheur Alexis Vuillermoz seront aussi de l’aventure, tout comme les connaisseurs des routes italiennes : Hubert Dupont, 11e sur le Giro cette saison, et l’expérimenté Domenico Pozzovivo (5e du Giro 2014). Côté adversaires, Vincenzo Nibali absent et Alberto Contador (33 ans – Team Tinkoff – Futur Trek-Segafredo) grippé, les principaux rivaux du Français seront l’éternel Alejandro Valverde (36 ans – Movistar) et le Colombien Esteban Chaves (26 ans – Orica-BikeExchange). Tous les deux sortent d’une Vuelta épuisante, quand le coureur d’AG2R-La Mondiale se présente plus frais et en condition (2e du tour d’Emilie le week-end dernier derrière… Chaves, c’est vrai). Bref, pas de quoi impressionner un Bardet qui n’avait pas hésité à titiller Froome et Contador (5 Tour de France à eux deux), sur le dernier Dauphiné. Vous me rappelez combien de Tour de France cumulent Valverde et Chaves ? :)
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VIDEO CYCLISME
Le meilleur de Romain Bardet
Pour prédire le vainqueur, il vaut mieux être sur le tour de France avec Amstrong ou Froome, ou bien en Football, un sport où il est plus facile de prévoir que Cavanni ou C.Ronaldo vont marquer, voire de dire qu’ils sont les plus beaux, étant avant-centre dans l’équipe la plus forte …Là, c’est une classique, très difficile donc réduisant les chances de nombre de coureurs, mais il y 248 engagés…Bardet est l’un des favoris pour toutes les raisons que vous énoncez, même s’il a fini assez difficilement la montée de la Superga dans Milan-Turin…mais après avoir pris ses responsabilités, ce qui indique sa confiance….mais il y en a d’autres, et heureusement me direz-vous ! Côté français, où en sont Galoppin et Alaphilippe? Passeront-ils en cette fin de saison, un tel dénivelé ? Peut-être…Mais il y a aussi d’autres Ettixl,Martin ou Brambilla, des Cannondale avec Woods, Moser et surtout Uran, ce dernier très fort en ce moment tout comme Aru chez Astana…Vous citez aussi forcément Chaves et Valverde que je ne vois pas par contre dans les engagés…Etc…En fait, la course parait assez ouverte !
Quand on voit ce que JULIAN à réalisé en 2016 ,il semble évidant que sa place est sur le podium, il a payé cher les malchances dans le tour et aux J.O. il mérite que la roue tourne en sa faveur !! je lui dirai bien les 5 lettres, si celà devait lui être favorable !!!!
Georges Alaphilippe vaison la romaine.