Décidément, ils ne se quittent plus ! Après une année 2016 de folie, David Gaudu et Léo Vincent ont tous deux intégré l’équipe cycliste FDJ en 2017. Moins exposé médiatiquement que le dernier vainqueur du Tour de l’Avenir, l’ancien cycliste du CC Etupes pourrait pourtant bien être l’une des découvertes françaises des saisons à venir.
Léo Vincent : « Principalement un rôle d’équipier cette saison«
TodayCycling : Léo, comment s’est déroulée votre intégration au sein de l’équipe cycliste FDJ ?
Léo Vincent : Très bien, on a eu trois stages, un premier à Calte où l’équipe était au complet, un second en janvier, puis un dernier dans le sud pour préparer le trophée Laigueglia. Sur le deuxième stage, on était entre grimpeurs et sur le dernier, on a retrouvé les coureurs qu’on avait moins vu, ceux qui étaient partis en Australie. Pour l’instant ça s’est bien passé, on apprend petit à petit à connaître les autres coureurs. C’est plutôt cool.
TC : Comment se déroulent ces stages ?
LV : Le premier stage c’était plutôt des grandes sorties de remise en route. Certains s’étaient interrompus plus longtemps que d’autres. Le stage de janvier était un peu plus costaud, avec des tests d’effort qui ont été un petit peu perturbés par le climat et une fin de semaine pourrie au niveau météo, avec de la neige. Malgré tout on s’est adaptés. Le dernier stage était fait de sorties un peu plus longues avec des exercice spécifiques, en binôme. Selon la séance on pouvait très bien se retrouver avec un grimpeur, un sprinter ou un rouleur, ça changeait au fur à mesure de la séance. A deux, on se tire la bourre, c’est toujours plus motivant que faire les exercices tout seul.
TC : De qui vous sentez-vous proche dans l’équipe ?
LV : Il y a Arthur (ndlr : Vichot) évidemment, mais toute l’équipe est super sympa. Ça rigole bien. Après, moi, je m’entends bien avec tout le monde. Je n’ai pas plus d’affinités que ça avec l’un ou l’autre, ils sont tous cools. Et le staff est aux petits soins pour nous, donc c’est top !
« Chez les pros, une autre façon de courir«
TC : Quel va être votre programme en ce début de saison ?
LV : Il va y avoir le Tour de Catalogne (interview réalisée le mois dernier, ndlr) puis du Pays Basque. Il y aura une équipe jeune sur le Catalogue où il est convenu que l’on ait tous un petit peu carte blanche. Pour ma part ce sera sans doute plutôt un rôle de coéquipier quand même. Comme tout au long de la saison.
TC : Qui a déterminé votre programme pour 2017 ?
LV : C’est l’équipe cycliste FDJ qui gère intégralement. L’idée, c’est de toucher un peu à tout. Il faut apprendre et prendre de la caisse, car par rapport aux amateurs, il y a beaucoup plus de kilomètres de course. Donc il faut arriver à les encaisser de mieux en mieux, s’adapter au rythme des pros et progresser. Ce sont tous ces petits changements, ces petits détails que l’on doit apprendre à maîtriser au fur à mesure de la première saison.
TC : Quelles sont les différences par rapport au monde amateur ?
LV : Ça court différemment, il y a un gros cap à franchir. Comme je le disais, c’est une autre façon de courir. Chez les pros, c’est plus régulier et ça accélère sur le final. Chez les amateurs, ça se joue dès le début de course, ça attaque un petit peu n’importe comment et ce sont vraiment les plus forts qui se retrouvent à la fin.
« La FDJ, une équipe fiable«
TC : Que représentait l’équipe cycliste FDJ pour vous, avant d’y signer ?
LV : Déjà je connaissais très bien Arthur dont j’ai suivi le parcours, parce qu’on est de la même région. Je connais bien ses parents en plus. C’était un objectif d’entrer dans cette équipe qui est une équipe assez ancienne. Le sponsor est fidèle, fiable et ça m’a donné envie d’y d’aller.
TC : Vous étiez spécialisé en cyclo-cross, étant junior. Cela a-t-il aidé à vous faire repérer par l’équipe cycliste FDJ et Madiot ? On connait l’attrait qu’il peut avoir concernant cette discipline…
LV : Ça m’a permis de connaître quelques membres de l’équipe de l’encadrement qui travaillent dans ce milieu, comme les kinés. Je ne pense pas que ça ait beaucoup aidé mais c’était certainement un petit plus.
TC : Le CC Etupes vous avait demandé de choisir entre route et cyclo cross. Imaginez-vous désormais pouvoir coupler les deux, comme le faisait Francis Mourey en son temps ?
LV : Non, du tout ! Ça m’a passé. Maintenant je n’aurai plus trop envie de faire que je faisais avant, d’aller rouler quand il fait froid, quand il neige. C’est peut-être différent quand on est pro, mais là, le staff pour moi c’était mes parents. Puis la boue, le mauvais temps… et aussi c’est un peu galère au niveau matériel. C’est sans doute en partie ça qui freine un peu tout le monde dans le cyclo-cross, ce manque de soutien. C’est trop contraignant quand on est tout seul.
« Pour passer pro, il faut être sûr d’y aller »
TC : Vous aviez déclaré vouloir rester amateur en 2016, alors que vous auriez éventuellement pu passer pro. Pourquoi ne pas avoir franchi le cap plus tôt ?
LV : j’avais quelques petites touches, rien de plus. C’était la première saison sur route que je faisais réellement et je me sentais encore un petit peu en manque d’expérience, un peu trop jeune. J’étais trop juste quand il fallait rouler sur des courses trop longues et sur les courses à étapes, je n’arrivais pas du tout à gérer. J’avais généralement une bonne étape et tout le reste, c’était pas terrible. Donc j’ai vraiment voulu corriger tout ça, apprendre plus à connaître mes défauts et mes qualités. Pour passer pro, il faut-être sûr d’y aller. Si on ne se connait pas suffisamment ou que l’on est encore hésitant sur les modes d’entraînement, ce n’est pas forcément l’idéal.
TC : Vous a-t-on accompagné, dans cette réflexion ?
LV : Il y a le club qui m’a un peu conseillé, mes parents, mes proches… Il y a une personne du club qui m’avait dit, et je crois qu’elle se reconnaîtra si elle lit cet entretien : « Quand on est amateur et qu’on veut passer chez les pros, il faut capable d’être et d’assumer son rôle de leader« . Avec le recul c’est un petit peu ça en effet. Et bien entendu, ça concerne également le rôle de coéquipier.
TC : Où en êtes-vous, côté études ?
LV : Pendant mes années en amateur, j’étais au lycée Édouard Belin à Vesoul. J’ai fait un BTS en industrialisation des produits mécaniques (IPM). Et la dernière année, avant de passer chez les pros, j’ai fait la fondation FDJ. Les études, c’est terminé pour l’instant.
« Envie de me consacrer au vélo à 100% »
TC : Vous n’avez pas souhaité continuer après ?
LV : Bof, après j’avais envie de me consacrer à 100 % au vélo. Même si je n’étais pas passé pro, je pense que je me serais laissé une saison pour me consacrer 100 % en vélo et voir ce que ça aurait pu donner. C’était la bonne occase d’arrêter les études, j’avais eu mon diplôme. C’est vrai que ce n’est pas facile de concilier les deux, de temps en temps. Rentrer des courses super tard, louper les cours le lendemain matin et devoir les rattraper le soir… C’est pas forcément super évident.
TC : A quel type de coureur vous identifieriez-vous ?
LV : Ouh, alors là je n’en ai aucune idée. je ne m’identifie pas trop à quiconque. Je n’y ai jamais réfléchi en fait.
TC : Du coup, suiviez vous le cyclisme, étant plus jeune ?
LV : Oui, mais sans plus.
TC : Et comment êtes-vous arrivé dans le monde du vélo ?
LV : En fait, c’est mon père qui faisait du vélo. Moi j’ai touché à tout, d’abord au foot comme tous les enfants, puis je me suis mis au vélo avec un groupe d’amis. Ça m’a plu tout de suite, on était une bande de copains à pratiquer le même sport, c’était sympa. Et j’ai continué sur ma lancée. Et puis c’est vrai que c’est pas mal d’avoir une famille qui est dans le sport et qui est conciliante sur certaines choses.
« J’ai un moteur plutôt diesel«
TC : Vous vous êtes découvert grimpeur depuis assez peu de temps, finalement…
LV : Après mon expérience en cross, je suis resté une saison au club d’Ornans puis au CC Etupes. Le directeur sportif, Jérôme Gannat, m’a mis sur la ronde de l’Izoard qui est réputée assez dure au niveau du parcours. J’ai gagné une étape là-bas et dans la foulée j’ai fait pareil sur le Tour de Savoie. Je me suis découvert là bas, parce que je ne savais pas trop si j’étais rouleur, sprinter ou bien grimpeur. C’est la première saison où j’ai pu voir enfin où j’allais et sur quel type de terrain je pouvais le mieux m’exprimer.
TC : Donc, définitivement grimpeur aujourd’hui ?
LV : Ouais, grimpeur de cols, pas trop trop raide non plus. Mais même si c’est le cas, j’arrive à bien me débrouiller quand même. Après, pour être un pur grimpeur il faudrait que je maigrisse un peu. En amateur j’arrivais à sprinter-grimper. Si l’on perd d’un côté, on gagne de l’autre et vice-versa. Ça évoluera en fonction des années et des courses que je ferai.
TC : Et au niveau du style ?
LV : Ça dépend du moment de la saison en fait. En début de saison je suis plutôt explosif et en fin de saison, plutôt diesel. C’est un petit peu le souci que j’avais en cyclo-cross d’ailleurs. J’étais un vrai tracteur (Rire) et je n’arrivais pas à sortir des virages et à relancer comme certains. À la réflexion, je suis plus diesel qu’explosif.
« Objectifs en 2017, lever les bras et prendre du plaisir«
TC : Vous définiriez-vous plus comme un chasseur d’étapes ou un coureur de général ?
LV : Je ne sais pas trop. Et ce n’est pas trop à moi de décider pour l’instant. Je suis plus dans la découverte du monde professionnel et je vais me laisser guider. Je verrai au fur à mesure de ce qui se passera cette année.
TC : Vous avez côtoyé et secondé David Gaudu en 2016 sur le Tour de l’Avenir. Comment voyez-vous votre collaboration cette saison ?
LV : On a le même statut et le même rôle dans l’équipe aujourd’hui, avec l’objectif de découvrir le monde professionnel. C’est un autre monde et on doit apprendre tous les deux le plus rapidement possible. Par contre, lui a sans doute plus un profil de pur grimpeur que moi avec un gabarit plus typé pour la montagne. Du coup, on aura peut-être pas forcément les mêmes courses.
TC : En août 2016, vous déclariez à nos confrères de directvelo.com avoir peur, en cas de sacrifice de vos coéquipiers, de ne pas arriver à assurer derrière. Est-ce quelque chose que vous travaillez désormais?
LV : C’est vrai que l’on a du mal à changer ce genre de traits de caractère et j’espère que ça évoluera un petit peu avec l’âge. Si j’arrive à limiter un maximum toutes les petites erreurs que je commets, ça enlèvera toujours un petit peu de pression sur cet aspect.
TC : Pour finir, un souhait pour 2017 ?
LV : Le souhait de tous les coureurs c’est le lever les bras, c’est pareil pour moi. Sinon, apprendre à ne pas trop faire d’erreurs et prendre du plaisir.
Propos recueillis par Bertrand Guyot