Nicolas Roche : « Le home trainer ne doit pas être un ennemi »

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Nicolas Roche a été leader sur le dernier Tour d'Espagne. Photo : Sunweb/CorVos

Dans cette période de confinement, les coureurs professionnels ont dû reprendre leur home trainer. En même temps, les courses virtuelles ont pris une véritable ampleur. Nicolas Roche a d’ailleurs participé à plusieurs d’entre elles en se montrant à son avantage. Le coureur du Team Sunweb revient pour TodayCycling sur ces compétitions effectuées depuis chez soi, entre autres.

Nicolas Roche : « Le home trainer permet de garder une bonne charge de travail  »

TodayCycling : On en est à plus de quarante de jours de confinement, comment vous vous êtes organisé ? 

Nicolas Roche : Du jour au lendemain. J’avais pas l’intention de lever le pied donc j’ai directement enchaîné mes charges de travail sur home trainer.

Au printemps, la suite de votre programme aurait été lequel ?

J’aurai fait le Tour de Catalogne, puis le Tour du Pays Basque et les Ardennaises.

Depuis que vous vous entraînez à votre domicile, combien de temps vous faîtes du home trainer par semaine ?

Je fais entre 19 et 22 heures de home trainer par semaine. C’est pas ce que je fais en général, davantage 25-27 heures sur la route. Ça permet de garder une bonne charge de travail et ne pas perdre ce que j’avais fait avant. Mais heureusement qu’il y a des plateformes aujourd’hui pour rendre ça un peu plus ludique, intéressant. Ça fait mieux passer le temps parce que s’entraîner sur un balcon, ce n’est pas ce qu’il y a de plus marrant.

C’est sûr que toutes ces plateformes (ex : Zwift) permettent de garder la motivation… 

Ça aide. Il faut garder le côté amusement parce qu’on sait pas trop pour quoi on s’entraîne. Après, avec le Tour de Suisse virtuel, on en a parlé avec l’équipe (Team Sunweb). J’ai préparé à fond cette compétition, ça m’a donné de la motivation pour passer les cinq semaines de confinement avant la course.

« 130-140 heures de home trainer depuis le début de confinement »

Quelques jours après, qu’est-ce que vous tirez comme bilan du Tour de Suisse virtuel ?

Nicolas Roche est confiné à Monaco
Nicolas Roche essaie tant bien que mal de conserver la forme. Photo : Sunweb/Cor Vos

J’étais à un bon niveau. Je m’étais préparé comme il fallait avec du travail spécifique. J’avais pris au sérieux cette épreuve. Je suis compétiteur, ça me plaisait d’avoir un objectif. J’en ai besoin comme d’autres sportifs. Ça m’a permis de rester concentré à la maison. Et ce n’est pas vingt heures de home trainer qui vont plus me fatiguer. Je l’ai pris au sérieux, et ça fait passer le temps plus rapidement. Si je ne suis pas sur le home trainer, je suis sur le canapé. Après, il y a des jours où on a plus envie que d’autres. Il ne faut pas se forcer. Autrement, à la place, j’essaie d’aller courir une heure, trois quarts d’heure dehors. Il faut garder du plaisir. Le tout, c’est de trouver un bon équilibre. Pour moi, ça a été assez bénéfique. J’ai fait cinq heures avec un groupe sur Zwift, c’est quelque chose que j’aurais jamais imaginé faire il y a deux mois. Dans toute ma vie, le plus que j’avais fait c’était trois heures.

Est-ce vous diriez que le home trainer est plus usant mentalement ?

Ça reste toujours difficile et long. Plus facile à passer en gardant le côté ludique avec les copains. Evidemment, ça a un coût mental. Les jours où je sens que je n’ai pas envie, je ne force pas. Mon programme n’est pas établi à l’avance. Si je veux faire une heure de pus, je le fais et inversement pour une heure de moins. On est obligé de garder cette envie. Au début, c’était parti pour deux semaines (de confinement) puis un mois. Et il y a encore quelques jours, on savait pas jusqu’à quand ça allait durer. Il faut trouver ce juste équilibre. Le home trainer ne doit pas être un ennemi. J’avais horreur de ça avant. Je dirai pas non plus que j’aime ça. Comme sportif, il faut savoir s’adapter. Après, il y a des coureurs qui n’ont pas besoin de faire comme moi. Certains retrouveront leur niveau un mois après la fin du confinement. Ce n’est pas mon cas. Chacun est différent. Il n’y a pas une meilleure façon qu’une autre.

Pensez-vous que ces course virtuelles vont prendre plus d’ampleur, notamment dans les périodes hivernales ?

Certainement. Et même sans parler de courses. Je sais jusqu’à présent que je préférais aller rouler sous la pluie que faire une heure de home trainer. Etant maintenant à 130-140 heures de home trainer depuis le début de confinement, je sais que si j’en ai la possibilité je suis capable de faire quatre, cinq, six heures. Pour l’année prochaine, je sais qu’au lieu d’être frigorifié, je pourrai rester sur mon balcon et faire une séance avec quelques copains. Et l’hiver, au lieu de faire du travail spécifique dans les cols avec une musculature qui souffre dans le froid, je pourrai être amené à faire deux, trois courses en ligne. Cette période m’a ouvert les yeux sur les bénéfices du home trainer grâce à la nouvelle technologie.

« Il y a des sensations à reprendre sur le vélo »

A propos de la reprise sur route (4 mai à Monaco, 11 mai en France), elle approche. J’imagine qu’il y a une certaine impatience.

Je vais continuer à faire une semaine en home trainer. Je ne vois pas l’intérêt de faire des allers-retours sur des routes de deux, trois kilomètres. Ça m’enchante encore moins que le home trainer. J’en ai fait sept semaines, je peux en faire huit. Je vais attendre que la France donne l’autorisation, une semaine de plus. J’ai hâte bien sûr. Je vais éviter ce qui est bord de mer, en allant plus dans l’arrière pays. En partant de Monaco, j’ai tout de suite la chance d’y être. La première semaine, je vais prendre les routes moins connues même si c’est dur. Il faudra de nouveau prendre des repères. Il y a des sensations à reprendre sur le vélo. Cela fait sept semaines qu’on roule en ligne droite.

Vous allez commencer directement par des sorties longues ou pas?

Je vais commencer par en faire entre trois et cinq. Pour l’instant, ça sert à rien d’en faire plus. Après tous les sacrifices qui passent, ce serait vraiment terrible de se faire contaminer parce qu’il y a tous les autres cyclistes sur la route les 11, 12 et 13 mai. Je vais encore jouer la carte de la prudence. Et plus tard, quand les choses se calmeront et retrouveront un rythme un peu plus normal, je referai des sorties plus longues. J’ai pas besoin spécialement de volume pour le moment. Avec l’âge, j’ai remarqué qu’on a moins besoin de faire des sorties longues.

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