Tour de France 2011 : Une histoire de seconds…

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TODAYCYCLING - Cadel Evans entouré des frères Schleck sur le podium du Tour de France 2011. Photo : Wikipédia
TODAYCYCLING - Cadel Evans entouré des frères Schleck sur le podium du Tour de France 2011. Photo : Wikipédia

Alberto Contador est au départ du Tour de France 2011 avec un statut particulier. Le vainqueur sortant vient en effet de remporter le Tour d’Italie et le doublé Giro-Tour n’a plus été réalisé depuis 1998 et Marco Pantani. Cette édition de la Grande Boucle s’annonce alors des plus ouvertes avec notamment un Andy Schleck qui arbore les couleurs de l’équipe construite pour lui dans l’optique de ramener le maillot jaune à Paris.

La Norvège : entre joies et pleurs

Avec seulement deux ressortissants au départ de la Grande Boucle en Vendée, la Norvège ne pouvait pas espérer mieux que ce qu’ils ont réalisé. Il faut dire que les deux sont loin d’être inconnus : Thor Hushovd et Edvald Boasson Hagen. Le plus âgé de ce duo norvégien porte le maillot arc-en-ciel de champion du monde qu’il a vite troqué contre le maillot jaune. A l’issue de la deuxième étape disputée sous forme d’un contre-la-montre par équipe, Hushovd s’est emparé du maillot de leader pendant une semaine.

Pendant cette escapade en jaune, son homologue Edvald Boasson Hagen impose sa puissance à Lisieux au terme d’un sprint en costaud. Quelques jours plus tard, à Lourdes, Thor Hushovd se met de nouveau en évidence… dans la montagne. En effet, comme à son habitude, le  « Viking » devance les débats dès que la route s’élève. Grâce à une folle descente, il est revenu sur David Moncoutié parti un peu plus tôt. Et de deux. Puis, tout s’enchaîne très vite. Quelques étapes plus tard, Hushovd remet le couvert en réglant au sprint un certain Boasson Hagen qui, dès le lendemain, récidive lui en allant chercher une nouvelle victoire d’étape. La fête pour les deux Norvégiens est rapidement gâchée à cause d’attentats survenus dans leur pays au même moment…

Des coureurs renversés

Le Tour de France, dominé jusque là par Thor Hushovd, observe une nouvelle prise de pouvoir. Thomas Voeckler rêvait probablement de prendre le maillot jaune dans d’autres circonstances. Sur cette fameuse neuvième étape, le dimanche 10 juillet, entre Issoire et Saint-Flour, l’échappée « profite » d’une chute dans le peloton projetant certains favoris à terre pour faire monter l’écart jusque 7 minutes à moins de 50 kilomètres de l’arrivée.

L’échappée embraye et poursuit son effort et le drame survient à une trentaine de kilomètres de l’arrivée. Une voiture du groupe France Télévisions force le passage sur une petite route pour passer le groupe échappé. Sans surprise, elle éjecte Johnny Hoogerland et Juan Antonio Flecha. Le premier est le plus gravement touché, envoyé directement dans le barbelé. Le pauvre néerlandais franchira la ligne avec les jambes en sang et cisaillées de toute part. Ce qu’il reste de l’échappée arrive donc à Saint-Flour en petit comité et Luis Leon Sanchez, en finisseur, s’impose d’une poignée de secondes sur Thomas Voeckler qui endosse le maillot jaune.

Thomas Voeckler tient tête aux favoris

La « Voeckler Mania » est de retour. Après son raid en jeune en 2004, Thomas Voeckler refait le coup. En jaune au terme de la neuvième étape, le leader de l’équipe Europcar peut souffler un peu le temps d’une journée de repos avant de reprendre avec deux étapes plates dédiées aux sprinteurs. Les choses se corsent dès la 12e étape, un 14 juillet, où il faut gravi trois cols dont le Tourmalet (HC) et l’ascension vers Luz-Ardiden, lui d’arrivée. Thomas Voeckler s’accroche et peut compter sur le formidable soutien de Pierre Rolland. Finalement, ce jour-là, « Ti Blanc » ne concède que 20 secondes aux grands favoris que sont alors Cadel Evans et Andy Schleck. Au Plateau de Beille, bis repetita. Le porteur du maillot semble à l’aise et se permet même de titiller les meilleurs grimpeurs du moment. Au final, seulement deux secondes de perdues.

Thomas Voeckler commence alors à poser un sérieux problème pour ses adversaires qui n’arrivent pas à se débarrasser de lui comme ils l’auraient souhaité. Mais ses adversaires le savent : sa faiblesse est son équipe. Mentalement, le coureur français finit par craquer. Attaqué, il ne parvient plus à être aussi aérien comment il a pu l’être une semaine auparavant. Vers l’Alpe d’Huez, alors que Pierre Rolland déposé Alberto Contador, Thomas Voeckler perd pied et son maillot jaune au profit d’Andy Schleck auteur, la veille, d’un véritable numéro.

Andy Schleck au Galibier

Vers le Galibier, l’équipe Leopard-Trek prend les choses en main. Maxime Monfort et Joost Posthuma sont présents dans l’échappée. Les grandes manœuvres se préparent. C’est alors que dans l’Izoard, à 60 kilomètres de l’arrivée, Andy Schleck passe à l’offensive. Personne ne suit. Le Luxembourgeois tombe sur Posthuma qui lui file un premier coup de main puis sur Monfort qui fait le travail dans la vallée.

Alors que les échappés craquent un à un, Andy Schleck part seul à une dizaine de kilomètres de l’arrivée. Dans le groupe maillot jaune, Frank fait l’affaire de son frère mais Cadel Evans prend la poursuite en main. Le dernier kilomètre est interminable pour le cadet des Schleck qui semble être allé au bout de ses capacités. Grâce à son improbable numéro, le champion luxembourgeois passe devant Evans au général, son principal concurrent. Mais Voeckler, qui se bat jusqu’au bout, conserve son maillot jaune pour 15 secondes.

Cadel Evans, premier vainqueur australien

Jusque ce fameux mois de juillet 2011, jamais le Tour de France n’avait souri à Cadel Evans. Deux fois deuxième, il se retrouve au départ du Tour 2011 dans la même position qu’Andy Schleck : remporter la Grande Boucle, enfin. Et dès le premier jour, l’Australien est dans le rythme. Deuxième au Mont des Halouettes derrière un Philippe Gilbert étincelant, Evans lance la couleur. Trois jours plus tard, il lève les bras à Mur de Bretagne.

Toujours en embuscade au classement général, Cadel Evans et l’équipe BMC gèrent. Finalement, le plus important, c’est de porter le jaune sur les Champs. Et ils l’ont bien compris. Face à Andy Schleck, sur le contre-la-montre de Grenoble, Evans a moins d’une minute à boucher. La course est pratiquement gagnée, il ne reste plus qu’à assurer. En coureur complet, l’Australien renverse Schleck à un jour de l’arrivée, totalement dépité. Le clan Evans jubile : enfin, il a remporté le Tour de France.

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