Le continent sud-américain a fourni un beau contingent de champions au cyclisme depuis le début de la décennie. Tandis que certains ont déjà acquis une grande renommée, d’autres poussent derrière et envisagent l’avenir avec gourmandise. C’est le cas de Richard Carapaz. Cet Equatorien de 24 ans a fait ses débuts professionnels en 2017, obtenant des résultats très prometteurs. Le jeune coureur nous a accordé une interview avant de faire ses bagages et de retrouver ses Andes natales…
Richard Carapaz : « Encouragé par ma 2e place à la route du Sud »
Dans un pays où le football est roi, et où seul le volley parvient à lui faire un peu d’ombre, le cyclisme est bien marginal en Equateur. Richard Carapaz, premier professionnel de ce sport dans l’histoire de son pays, fait office de pionnier : « Je suis arrivé au vélo un peu par hasard, je suis d’ailleurs le seul de ma famille à le pratiquer. L’Equateur, contrairement à la Colombie, n’a pas de tradition cycliste. Mais je vis non loin de la frontière et j’ai pu courir régulièrement en Colombie chez les amateurs. Avec la sélection nationale, j’ai également pu me faire un nom lors des jeux panaméricains ou lors du Tour du Guatemala. Tout cela m’a servi de vitrine et me permet de courir aujourd’hui au plus haut niveau« .
Second du GP de l’Industrie début mars, le jeune grimpeur signait une performance de choix dès ses débuts professionnels : « Finir 2e derrière Adam Yates était une belle performance, c’est vrai, souligne-t-il avec son habituelle retenue. L’équipe m’avait donné carte blanche et j’ai pu démontrer ma bonne condition ce jour-là.» Après avoir cumulé les tops 10 lors des courses suivantes (dix au total cette saison), Richard Carapaz a de nouveau tutoyé la victoire lors de la Route du Sud. Une épreuve terminée à la 2e place, à sept petites secondes de Silvan Dillier. Loin d’être déçu, Carapaz voyait surtout dans cet accessit des motifs de satisfaction : « Cette deuxième place a davantage été une récompense qu’une déception. Elle m’a permis de montrer mon niveau et de valider tout mon travail préparatoire. C’est surtout une motivation pour continuer à travailler dur à l’entraînement. »
« La journée de l’Angliru a été grandiose »
Mais le clou de la saison a évidemment été le Tour d’Espagne. Etre néo-pro et disputer un Grand Tour n’est pas chose commune. Le terminer encore moins… Ce fut pourtant le cas du dossard 53. Et le garçon a bien terminé. 13e à Calar Alto puis 14e à la Pandera, Richard signait sa plus belle performance lors de la fameuse étape de l’Angliru. Alors qu’Alberto Contador vivait l’un des plus beaux moments de sa carrière en triomphant du colosse pyrénéen, l’Equatorien profitait également pleinement de sa montée. Un souvenir mémorable : « Ca a vraiment été une très belle étape. Etre là, avec tous les grands noms du cyclisme, c’était grandiose. Savoir que je suis capable d’être performant à ce niveau [11e de l’étape, NDLR], c’est une grande satisfaction. »
Après une saison 2017 pleine (près de 10.000 kilomètres en compétition), Richard Carapaz se projette déjà vers 2018. Il rejoint l’Amérique Latine fort d’une motivation décuplée par ses débuts prometteurs. Et quel plus beau théâtre d’entraînement que la majestueuse cordillère des Andes ? Les montagnes arpentées par le coureur de Movistar dans son pays sont bien différentes des sommets alpins ou pyrénéens : « Les cols européens ne ressemblent pas du tout à ceux des Andes. Les rampes à plus de 20% qui existent dans les Andes ne sont pas asphaltées et ne sont donc pas praticables. La difficulté là-bas tient surtout à l’altitude, nettement plus élevées. Par contre on jouit, au Nord de Quito, d’un climat spectaculaire toute l’année, c’est un plus ».
C’est optimiste mais conscient du chemin à parcourir que Richard Carapaz va traverser l’Atlantique : « De nouveaux défis m’attendent désormais pour 2018. Je sais qu’il me reste beaucoup de travail à effectuer, dès cet hiver. L’objectif est de gagner une course l’an prochain, mais mon bilan de la saison 2017 me permet d’être optimiste. C’est très motivant ! » Au vu de ce qu’a démontré le bonhomme ces huit derniers mois, difficile de ne pas partager son optimisme. Sa marge de progression semble encore importante, et il a toutes les cartes en main pour se faire une place au soleil de Movistar.
Propos recueillis par David Guénel
Vidéo : Présentation de Richard Carapaz (en espagnol)
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Fiche de Richard Carapaz