Et voilà, les classiques flandriennes c’est fini. Chaque année, c’est la même chose quand le dernier coureur entre dans le vélodrome de Roubaix. La fin de la campagne des Flandres cause un peu, chez les amoureux de la petite reine, la même sensation que la fin des grandes vacances chez les écoliers. Et la retraite de Tom Boonen cette année vient rajouter une touche de mélancolie. Pour prolonger le plaisir, retour sur une campagne 2017 chargée de symboles.
Acte I : Greg Van Avermaet au sommet de son art…
Au sortir de sa meilleure saison, Greg Van Avermaet aborde le mois de mars avec appétit. Et pour cause ! Comme tout Flamand qui se respecte, il fait de cette période de l’année l’épicentre de sa saison, et du Tour des Flandres le Graal à atteindre. D’ailleurs, il l’a affirmé : cette saison, il veut « gagner un Monument ». Ses premières sorties sur les routes des Flandres confirment son statut d’homme à battre. Entre le 25 février et le 26 mars, le leader de la BMC a remporté le Het Nieuwsblad, le Grand Prix E3 et Gand-Wevelgem, ne laissant que des miettes à une concurrence pourtant relevée, au premier rang de laquelle se trouve Peter Sagan. En plus de ce triplé, le champion olympique termine 7e de Kuurne-Bruxelles-Kuurne.
La concurrence, justement, doit composer avec cette domination peu partageuse du natif de Lokeren. A ce petit jeu-là, Peter Sagan est le seul à vraiment tirer son épingle du jeu. Il complète sa victoire à Kuurne par des podiums au Het Nieuwsblad et Gand-Wevelgem, et confirme qu’il est bien l’un des deux patrons du peloton dans ce type de classiques.
En l’absence de ces deux cadors, A Travers la Flandres offrait aux outsiders l’opportunité de lever les bras. Yves Lampaert a su en profiter pour remporter sa première victoire depuis deux ans.
Acte II : quand Philippe Gilbert (BMC) sort du bois…
Cette saison, Philippe Gilbert, archétype de l’Ardennais, a décidé de revenir aux flandriennes, ses premières amours. Car il ne faut pas l’oublier, avant de briller sur les classiques ardennaises, le Wallon avait de solides références sur les pavés. N’avait-il pas déjà remporté le Het Volk (deux fois) et le Samyn avant de s’illustrer dans les Ardennes ?
D’abord 13e du Het Nieuwsblad, il laisse la victoire lui échapper de peu A Travers la Flandres et au GP E3, terminant second à chaque fois. De bon augure avant le Tour des Flandres… D’autant que cette saison, il aborde la course sous ses nouvelles couleurs, celles de Quick-Step. Avantage d’importance pour le transfuge de la BMC, qui bénéficie ainsi d’une équipe surpuissante. Libéré du costume de leader unique qu’il a souvent porté sur cette course, il peut tenter une attaque audacieuse à 55 km de l’arrivée. A l’arrière, la présence Trentin et Boonen gêne la poursuite. Les jambes et la chance font le reste… Gilbert devient ainsi le premier Wallon depuis Claude Criquelion à s’imposer sur le Ronde ; c’était il y a trente ans. Surtout, il détient maintenant trois monuments avec Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. Et au vu de la démonstration réalisée le 2 avril, on se dit que s’il faisait de Paris-Roubaix un objectif, il aurait les moyens d’y faire autre chose que de la figuration…
Acte III : tot ziens, Monsieur Boonen
Si l’Enfer du Nord version 2017 n’a pas atteint les sommets de la saison passée, il a tout de même offert son lot d’émotions. En premier lieu, comment ne pas évoquer la Der de Tom Boonen ? Fidèle à sa philosophie, le Belge a été à l’attaque tout au long de la journée. Certes, son classement (13e) n’est pas celui souhaité, mais le champion s’est ménagé une sortie à la hauteur de sa légende. Les supporters belges, un peu déçus de ne pas voir Tommeke inscrire seul son nom en haut du palmarès, ont toutefois pu se consoler. En effet, leur compatriote Greg Van Avermaet a parachevé son œuvre en signant première victoire sur un monument. Exceptionnelle campagne que celle de GVA ! Rappelons que sans la chute survenue lors du Tour des Flandres, il aurait été en mesure de rejoindre le cercle très fermé des auteurs de doublé Tour des Flandres – Paris-Roubaix.
Bilan* : il y avait Greg Van Avermaet et les autres…
Nous évoquions, il y a quelques semaines, la rivalité passionnante entre Sagan et Van Avermaet. Une rivalité qui unit ces deux coureurs autant qu’elle les divise. Au terme de cette campagne, les deux hommes auront raflé plus de la moitié des bouquets en jeu :
Quant aux Français, ils semblent toujours un peu fâchés avec les classiques flandriennes. Quelques belles performances à signaler, mais Jacky Durand et Frédéric Guesdon n’ont pas encore trouvé leur héritier. Au rang des satisfactions, notons le podium de Nacer Bouhanni sur la seule classique taillée pour lui, la 6e place de Démare à Roubaix, même s’il n’a jamais vraiment été à la lutte pour la gagne, et le toujours vert Sylvain Chavanel, qui accroche son troisième top 10 sur Le Ronde.
Tops 10 des français
– Rudy Barbier (6e du GP de l’Escaut)
– Nacer Bouhanni (3e du GP de l’Escaut)
– Sylvain Chavanel (9e du Tour des Flandres)
– Arnaud Démare (6e de Kuurne-Bruxelles-Kuurne et de Paris-Roubaix)
– Adrien Petit (10e de Het Nieuwsblad et 9e de Paris-Roubaix)
– Marc Sarreau (8e du GP de l’Escaut)
– Florian Sénéchal (10e d’A Travers la Flandres)
*Ce bilan prend en compte les six classiques de catégorie WorldTour (Het Nieuwsblad, À travers la Flandres, Grand Prix E3, Gand-Wevelgem, Tour des Flandres et Paris-Roubaix) ainsi que les deux semi-classiques les plus prestigieuses, où au moins 10 WorldTeams étaient présentes (Kuurne-Bruxelles-Kuurne et Grand Prix de l’Escaut)
Vidéo : Résumé de la victoire de Greg Van Avermaet sur Paris-Roubaix
La hargne de Boonen, la déveine de Sagan, l’opportunisme de Stybar, la résistance de Oss, le triomphe de Van Avermaet, les pavés, la poussière, la foule… Retrouvez ce qui a fait le sel de cette édition 2017 de la Reine des Classiques :