Dylan Teuns, à la faveur de l’été

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Tchuss mec ! (crédit : Instagram Dylan Teuns)

Il aura suffit de 10 jours cet été à Dylan Teuns (25 ans, BMC Racing Team) pour changer de dimension. En remportant coup sur coup le Tour de Wallonie et le Tour de Pologne, le jeune belge solde l’héritage de l’académie BMC Development qui fermera ses portes en fin de saison, et prend date avec un cyclisme d’outre-Quiévrain en quête de relève sur ses classiques.

Teuns, le cadeau d’adieu de BMC Development

Dylan Teuns aime faire le mur, et c’est rien de le dire. 19 avril 2017, alors qu’Alejandro Valverde, en vieux fêtard aguerri, file vers une 5e victoire sur la Flèche Wallonne, le coureur belge suit le rythme dans le Mur de Huy et monte sur la boîte (3e), réglant au passage l’expérimenté grimpeur colombien Sergio Henao sur la ligne. De quoi lui ouvrir quelques perspectives pour la suite de la saison. Honoré d’un rôle libre sur Liège-Bastogne-Liège, le natif de Diest hérite même du leadership sur le Tour de Wallonie. Une marque de confiance qu’il saura rendre à sa formation dès la 3e étape au Mur Saint Roch, une pente à 18% assez similaire au Mur de Huy. Bien calé dans la roue de son coéquipier Loïc Vliegen, Teuns profite du travail de sape de son compatriote avant de placer une attaque dévastatrice pour s’imposer en costaud, son premier succès chez les professionnels : « Quand j’ai vu le parcours, avec Loïc, on avait bien sûr des idées. Cela fait un moment qu’on nous prédit en effet un bel avenir » confiait-il le soir même sur les hauteur de Houffalize. Il faut dire que les deux larrons sortent tout droit de BMC Development, la couveuse de talents de BMC Racing Team, dont 6 autres coureurs ont intégré l’échelon supérieur : Stefan Küng, Kilian Frankiny, Floris Gerts, Tom Bohli, Silvan Dillier et Nathan Van Hooydonck. Alors forcément, quand ils parlent de bel avenir, on veut bien les croire ! 5e et dernière étape du Tour de Wallonie, Teuns et Vliegen remettent ça au mur de Thuin pour faire coup double : l’étape et le général. L’attaque brutale de Teuns au pied de la dernière ascension est fatale aux quelques échappés dispersés façon puzzle sur les pentes du Mur de Thuin. Un triomphe comme un cadeau d’adieu de la part de BMC Development qui fermera ses portes en fin de saison, lassée d’investir dans la formation pour voir certains de ses jeunes pousses passer pro chez les concurrents : « C’est naturellement une décision encore plus regrettable d’autant que nous sommes la meilleure équipe de formation à l’heure actuelle (…) nous investissons beaucoup d’argent dans nos jeunes coureurs. La détection des talents nous prend du temps et de l’argent. En voir certains partir dans des équipes qui ne misent rien sur la formation peut s’avérer frustrant »  déclarait Klaas Lodewyck auprès de Direct Vélo.

Teuns, l’éloge de la patience

Qu’on ne s’y trompe pas pour autant. Si la BMC ne formera plus ses coureurs de demain, elle ne tire pas encore un trait sur l’avenir et compte bien lever les bras à court et moyen termes avec son dernier produit fait maison, à qui il reste une année de contrat (et dont on peut supposer qu’il sera très vite prolongé). Dès 2014, Jim Ochowicz, manager général de la formation américaine misait déjà sur Teuns : « Dylan a beaucoup de qualités et il peut être très fort dans les classiques. Nous allons continuer de travailler avec lui dans cette direction ». Pas facile cependant de fourbir ses armes dans une formation World Tour de haut niveau, pas facile de chatouiller les Tejay Van Garderen, Richie Porte, Greg Van Avermaet et Philippe Gilbert, ni même d’hériter d’un strapontin d’équipier. Pas facile en effet… sauf pour Dylan Teuns. Car si aujourd’hui tout lui sourit, il le doit à une progression constante entamée en 2014 lors de son intégration au sein de BMC Development (vainqueur d’étapes sur le Tour de l’Avenir et sur le Tour de la Vallée d’Aoste, 2e sur Liège-Bastogne-Liège et Het Nieuwsblad espoirs, 2e et vainqueur d’étape sur le Tour de Bretagne, 2e sur le Tour de Lombardie amateur). Stagiaire pro dès l’été 2014, il rentre alors dans un rôle d’observateur studieux (10e du Tour de Grande Bretagne et 6e du GP de Wallonie 2014, 3e de la Volta Limburg Classic 2015), pour enfin passer de la théorie à la pratique en 2017 : « Je pense que cette troisième saison chez les pros concrétise vraiment ma progression constante de ces trois dernières années » confirmera d’ailleurs le Louvaniste sur le Tour de Wallonie.

Teuns, la relève belge sur les classiques

En remportant le Tour de Pologne la semaine dernière, sa première victoire sur le World Tour, Dylan Teuns s’est imposé comme LA relève du cyclisme belge sur les classiques et les courses à étapes. Son succès dans l’Est, il l’a bâti en s’imposant au sommet de Szczyrk, sur un mur à 18% dont il s’est fait une spécialité. Mais pour conserver le Maillot Jaune dans les deux dernières étapes de montagne, face aux Wout Poels, Rafal Majka et autres Vincenzo Nibali, il a dû s’époumoner, sauvé in extremis de l’asphyxie par un Tejay Van Garderen, transformé en équipier de luxe : « J’ai été vraiment chanceux d’avoir Tejay van Garderen avec moi. Il faisait un rythme mais c’était trop pour moi, donc je l’ai appelé à la radio et il a maintenu un rythme moins élevé, c’était parfait. J’étais toujours à la limite mais jamais au-dessus, donc j’ai pu revenir dans la descente et reprendre mon souffle dans la roue de Tejay ». Son Maillot Jaune, sauvé pour deux petites secondes, dessine un peu plus le portrait robot du coureur : impérial dans les bosses courtes et raides, moins à l’aise dans les longues ascensions, Dylan Teuns a tout pour triompher sur les classiques belges. D’ailleurs lui même ne s’y trompe pas et ne compte pas s’éterniser sur les grands tours : « Je ne laisserai jamais tomber les classiques ardennaises pour une épreuve par étapes, même si c’est le Giro. Je serai toujours là dans les classiques ». Rendez-vous est pris donc pour Liège-Bastogne-Liège, LA course de ses rêves. Une victoire le mettrait définitivement dans la roue de la légende Philippe Gilbert. En attendant le voilà 38e d’un classement World Tour dominé par… Greg Van Avermaet, autre référence de poids outre-Quiévrain. Amis belges rassurez-vous, la relève arrive.

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Vidéo : la victoire de Dylan Teuns sur la 3e étape du Tour de Pologne

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2 Commentaires

  1. L’auteur s’est mis au même niveau que D. Teuns dans la montée de Saint-Roch ou le mur de Thuin ! Et même, sans commettre la moindre faute, et dieu sait si l’entreprise n’était pas simple, pour cette si fameuse arrivée à Szczyrk ! Bravo ! Très bon article sur ce jeune champion belge.

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