Fier d’être chauve

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Fier d'être chauve
Todaycycling. Le blog. Fier d'être chauve.

A l’attention de, Monsieur Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France.

 

Monsieur,

Depuis que j’officie dans cette épreuve, est-il bon de vous raviver la mémoire au sujet du symbole que je représente auprès du monde cycliste et qui prit tout son sens lors de ma  programmation sur la Grande Boucle en 1951. Sous la présidence de, Jacques Goddet, et l’impulsion de, Félix Lévitan, qui m’engagea dans cette aventure sportive, j’ai pu gagner mes lettres de noblesse dès la première édition. Le premier à me franchir en course par mon versant nord fut, Lucien Lazaridès, dit l’enfant grec, qui participa sans en avoir conscience à mon avènement. Monsieur Prudhomme, depuis ce temps,  je jouis d’une notoriété sans borne à en faire pâlir de jalousie les cols mythiques gravis dans les différentes épreuves professionnelles et vous avez largement contribué à celle-ci  avec vos prédécesseurs. Malgré cela, votre décision de me tronquer dans ma 16è participation m’affecte au plus haut de mon sommet. Les causes ne me sont pas imputées mais mon physique lunaire en souffre. Si vous voyez à cet endroit un problème d’ego aux pourcentages élevés moi j’y vois une atteinte physique et surtout capillaire. Je porte cette coiffe qui a fait ma renommée, par vos directives, elle perdit tout son charme aux yeux des échevelés, aussi bien amateurs que professionnels qui me respectent dans la douleur et la folie de se mesurer à moi. Eux qui m’ont baptisé, le Géant de Provence, et les millions de regards tournés vers mon crane, m’ont vu réduit esthétiquement à une chevelure de bois. Le chalet Reynard peut en cette circonstance prendre la grosse tête mais ses épis n’auront jamais la légitimité de se croire au-dessus de mon caillou totalement dégarni. Pour la première fois de mon existence collaborative, de loin, je fus heureux de vous voir partir avec votre barnum qui vous causa bien des affres de logistique. Vos problèmes ne furent pas à la mesure de ma peine, qui le jour de la mort de, Tom Simpson, atteignit un degré de souffrance à en faire blanchir mes pentes à vie, mais quelle joie d’entendre par des voix éreintées de cyclos venus jusqu’à ma boule lisse et non sans misère, que le maillot jaune avait chu dans un goulet se refermant sur lui et qu’il s’en était échappé sans son vélo, en courant, comme un type fuyant à toutes jambes une alopécie, signe des jours chauves.

Monsieur Prudhomme, recevez mes salutations froidement distinguées et je reste tout de même à votre disposition si l’envie vous venait de me remettre au programme d’une prochaine édition du Tour de France en respectant dans son intégralité mon style capillaire.

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