Le TOP 10 des victoires françaises surprises !

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TODAYCYCLING - Le Tour de force de Richard Virenque sur Paris-Tours 2001 !
TODAYCYCLING - Le Tour de force de Richard Virenque sur Paris-Tours 2001 !

Dimanche 16 octobre, 18h. Nacer Bouhanni se hisse sur la plus haute marche du podium. Ses yeux sont embués par l’émotion. Brian Cookson, Président de l’UCI s’approche de lui. Le sprinter de la Cofidis va revêtir le Maillot Arc-en-Ciel… De la fiction à la réalité, paraît qu’il n’y a qu’un pas… Paraît aussi qu « impossible » n’est pas Français… Alors oui, pourquoi pas un Français sacré Champion du Monde ce week-end ? Retour sur ces exploits surprises, frappés du coq, qui ont marqué ces 25 dernières années, et qui pourraient bien inspirer Nacer Bouhanni et Arnaud Démarre !

Un conseil avant d’aller plus loin dans la lecture de cet article, lancez la vidéo ci-dessous et laissez-là en fond sonore :

N°10 – Philippe Gaumont – Gand-Wevelgem (1997)

Un rouleur, roi au pays des sprinteurs-puncheurs. Lorsqu’il s’engage pour la Cofidis de Cyrille Guimard en 1997, le regretté Philippe Gaumont revient tout juste d’une suspension suite à un contrôle positif à la nandrolone. Une main tendue qu’il n’oubliera pas… Alors qu’il n’avait aucune référence sur les classiques, et encore moins sur les classiques flandriennes, il va régler au sprint un petit groupe, devançant le spécialiste Andreï Tchmil, et devenant le 3e Français, seulement, à remporter la course après Jacques Anquetil (1964) et Bernard Hinault (1977), rien que ça ! La suite sera plus compliquée, la saison 2001 notamment, marquée par la malchance : présent dans le groupe de tête de Milan-San Remo, du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, il est à chaque fois privé d’emballage final à cause de chutes ou de problèmes mécaniques.

N°9 – Tony Gallopin – Clasica San Sebastian (2013)

Lorsqu’il remporte la classique espagnole en 2013, Tony Gallopin n’est alors qu’un jeune coureur à fort potentiel, sans référence notable sur les grandes courses. Bon grimpeur, sans être irrésistible en altitude, bon puncheur, sans avoir la meilleure giclette du peloton, certains voient en lui un éventuel spécialiste de classiques belges, quand lui même se voit plutôt briller sur Paris-Tours. C’est pourtant en Espagne que le coureur de Radioshack va faire son trou. Présent à l’avant de la course dans un groupe de 8, il attaque en costaud dans la dernière difficulté, l’Alto de Arkale, et ne sera pas rattrapé. Il devance deux anciens vainqueurs, Alejandro Valverde et Roman Kreuziger. Par la suite il deviendra une pointure sur les grandes courses d’un jour : 1er GP de Wallonie (2016), 5e et 2e de la Clasica San Sebastian (2014 et 2016), 6e et 7e des Championnats du Monde (2014 et 2015), 3 Top 10 en 2015 sur l’Amstel Gold Race, le Tour de Lombardie et Milan-San Remo.

N°8 – Jean-Patrick Nazon – Champs Elysées (2003)

Jusque là habitué à briller sur des courses secondaires, Jean-Patrick Nazon « is on fire » en 2003 ! Sur le Tour, le sprinteur du bijoutier Jean Delatour s’octroie le luxe de porter le Maillot Jaune, et frotte avec les meilleurs sprinteurs du peloton : Robbie Mc Ewen, Erik Zabel, Baden Cooke, Thor Hushovd ou encore l’ex Champion du Monde Romans Vainsteins. Vainqueur à la surprise générale sur les Champs Elysées, il est le seul à ne pas s’en étonner : « Remporter le sprint des Champs, je savais que c’était possible. J’avais fait 2e à Sedan sur ce Tour. J’étais plutôt confiant. J’étais surtout très motivé par l’idée que c’était la fin ce soir-là. On est tellement contents d’en finir qu’on a envie de donner ses dernières forces. J’étais prêt à tout (…) C’est sans nom, sans mot. C’est dur d’expliquer ça. Et puis c’est quand même la seule étape qu’on peut arroser sans trop se poser de questions ! Ma carrière a changé ce jour-là, c’est évident. » déclarera t-il ensuite au Parisien. Il remportera encore une étape sur le Tour (2004) et une étape sur Paris-Nice (2007), sous les couleurs d’AG2R. Les Champs Elysées eux, attendent toujours son successeur…

N°7 – Luc Leblanc – Championnat du Monde (1994)

Au début des années 90, Luc Leblanc aligne les performances sur les grands tours. 5e et 4e du Tour en 1991 et 1994, 6e et meilleur grimpeur de la Vuelta 1994, il est logiquement convoqué en Equipe de France sur le parcours vallonné des Championnats du Monde d’Agrigente (Sicile). Pourtant il ne fait pas partie des favoris. Lance Armstrong et Claudio Chiappucci font figure d’épouvantail, et côté français, Richard Virenque et Armand De Las Cuevas peuvent légitimement lui disputer le leadership. Mais tout ça, « Lucho » s’en moque, cette course est pour lui, il en est persuadé : « Le jour du départ, le speaker appelle les coureurs (…) dans ma tête je me dis, putain, ça sert à rien que vous vous aligniez, c’est moi qui vais gagner, je m’étais fait une stratégie de course, en dehors de l’officielle » lâche t-il dans Pédale! en 2013. Virenque, qui avait de grosses ambitions, le lui reprochera, mais Leblanc n’est pas peu fier de son numéro : « Ce qu’il fallait faire, c’est attaquer dans le facile, pour vraiment les mettre dans le rouge ». Toujours au contact lorsque la course a explosé, il rattrape et lâche les échappés, puis recolle aux deux leaders (Ghirotto et Sorensen), l’Italien résiste, mais rompt dans la dernière bosse, 500m à 16%. Luc Leblanc devient Champion du Monde devant Claudio Chiappucci et Richard Virenque. Le sommet d’une carrière qu’il poursuivra jusqu’en 98, accrochant des places d’honneur sur les courses les plus prestigieuses : 6e du Tour + 1 étape (1996), 2e de la Flèche Wallone et 4e du Tour des Flandres (1997).

N°6 – Laurent Brochard – Championnat du Monde (1997)

Alors que l’Equipe de France était tiraillée entre Laurent Jalabert et Richard Virenque, rares sont ceux qui ont vu venir Laurent Brochard, qui restait pourtant sur deux saisons pleines (1996 : 2e à Plouay et sur le Midi-Libre, 5e de Paris-Nice, 7e du Dauphiné et du Tour des Flandres, 8e de la Flèche Wallone, 9e de Milan-San Remo – 1997 : 1 étape du Tour et 3 étapes du Midi-Libre). Mais c’est bien lui, le coureur au bandana, qui a dynamité la course à San Sebastian ! A 13 km de l’arrivée il provoque la formation d’un groupe de 7 hommes qui comptera jusqu’à 30s d’avance sur le peloton. Parmi les 7, le coureur de Festina est le plus fort. Il s’échappe avec Bo Hamburger et Leon Van Bon, les règle au sprint, et devient le 8e, et dernier coureur français à porter le Maillot Arc-en-Ciel. Il ne remportera pas la moindre course avec son nouveau maillot, et devra attendre 1999 pour renouer avec la victoire (1 étape de la Vuelta), son dernier succès majeur.

N° 5 – Arnaud Démare – Milan-San Remo (2016)

Un sprinteur qui remporte la Primavera, jusque là, rien d’étonnant. Et pourtant, la victoire d’Arnaud Démare sur la Via Roma est surprenante à plus d’un titre ! D’une part parce que cela faisait 18 ans, et le triomphe de Laurent Jalabert sur le Tour de Lombardie, qu’un Français n’avait pas remporté un monument du cyclisme. D’autre part parce que depuis sa victoire en 2012 sur la Vattenfall Cyclassics, le Picard n’avait pas remporté de succès majeur. Et enfin, surtout, parce que les circonstances de course n’ont pas été de son côté ! Alors qu’il chute à 30 km de l’arrivée, le final rapide et nerveux rend improbable un éventuel retour. Pourtant, soutenu par William Bonnet et Mathieu Ladagnous, il réussit de grosses montées dans la Cipressa et le Poggio. Alors que certains gros noms comme Vincenzo Nibali, Fabian Cancelara, Zdenek Stybar ou Michal Kwiatkowski tentent en vain de partir, Démare se replace à l’avant en bas de l’ultime descente pour finalement devancer au sprint Ben Swift, Jurgen Roelants et Nacer Bouhanni. « Je pensais que c’était fini pour moi, c’était un jour de grâce (…) rien ne pouvait m’échapper aujourd’hui » déclarera le coureur. Bien qu’accusé d’avoir accroché une voiture dans la Cipressa, l’affaire restera sans suite et ne viendra pas gâcher son plaisir. Sept mois plus tard, le sprinteur de la FDJ a toujours les jambes. 2e sur Paris-Tour le week-end dernier, il est prêt à remettre le couvert à Doha !

N°4 – Eddy Seigneur – Champs Elysées (1994)

Bon rouleur contre-la-montre, Eddy Seigneur n’avait, à priori, pas le profil pour s’imposer sur les Champs Elysées. Pourtant les sprinteurs, il les a pris de court. Echappé dès le 1er tour avec 4 autres coureurs, il répond à l’accélération de l’Américain Andrew dans le dernier kilomètre, laisse agir ses cuisses de rouleur et le contre en costaud. L’Américain a produit son effort trop tôt, il ne peut pas répondre, le coureur de Gan s’impose et signe là un authentique exploit. Depuis, seul Alexandre Vinokourov en 2005 a pu priver les sprinteurs de succès sur la plus belle avenue du Monde. Eddy Seigneur sera sacré Champion de France sur route l’année suivante, et remportera encore 4 autres titres nationaux… sur contre-la-montre, histoire de boucler la boucle.

N°3 – Richard Virenque – Paris-Tour (2001)

On peut penser ce qu’on veut de Richard Virenque mais ce coureur a donné tout sens au mot « panache ». Quel tour de force réalisé en 2001 sur Paris-Tours ! Lui, le quintuple meilleur grimpeur du Tour, l’emporte sur une course d’une désolante platitude. Le roi Richard sacré au royaume des sprinteurs ! Et si c’était là, paradoxalement, sa plus belle victoire ? Car en 2001, Virenque revient tout juste de suspension après l’affaire Festina. En s’engageant sur Paris-Tours, il fait son grand retour en France. Patrick Lefevere lui donne trois mois pour (re)faire ses preuves chez Domo-Farm Frites. Richard doit conquérir son Directeur Sportif, reconquérir les Français, et il ne compte pas perdre de temps en route. Il s’échappe avec Jacky Durand. Le baroudeur finit par coincer, Virenque lui, à la rage de vaincre. Jusqu’au bout il résiste au peloton, pourtant revenu 150m derrière lui. Le grimpeur signe là son acte de rédemption qui lui permettra de terminer sa carrière au sommet sous les ordres de Patrick Lefevere. Il remportera encore deux nouveaux Maillots à Pois et trois étapes du Tour de France.

N°2 – Frédéric Guesdon – Paris-Roubaix (1997)

Frédéric Guesdon n’est pas le plus connu des coureurs français, pourtant le Breton est l’un des rares a pouvoir se vanter d’avoir les deux plus grandes classiques nationales dans la musette : Paris-Roubaix (1997) et Paris-Tour (2006) ! Bien que 2e sur la course amateur en 1994, il n’évolue dans l’élite que depuis une saison lorsqu’il remporte l’enfer du Nord chez les pros, alors forcément, à l’époque personne n’avait misé sur lui. Erreur. Présent dans un groupe de contre-attaque, il revient avec ses acolytes sur les deux leaders, Frédéric Moncassin et Andreï Tchmil, à quelques kilomètres de l’arrivée. Le coureur de la FDJ lance alors son sprint : « J’ai pris la tête. Je m’attendais à être remonté. Dans la dernière ligne droite, j’ai regardé sous mon bras, j’ai vu qu’il y avait un trou d’une dizaine de mètres. C’est pas possible. Alors, j’ai cru qu’on allait me déborder sur la droite. Je n’ai su qu’après la ligne que j’avais gagné ». En 17 participations à la course (un record partagé avec George Hincapie), il terminera 11 fois dans les 20 premiers. Il prendra aussi une belle 6e place sur le Tour des Flandres 2003. Son successeur français sur Paris-Roubaix et Paris-Tour, lui n’est peut-être pas encore né…

N°1 – Jacky Durand – Tour des Flandres (1992)

« Pour moi, le Tour des Flandres, c’était un truc inaccessible. Ce n’était pas une course que je rêvais de gagner. Je ne pensais pas en être capable, ni en 1992 ni un autre jour ». Un exploit MAJUSCULE ! Le « hold-up du siècle » déclarera même l’intéressé à Eurosport. Car en 1992, le coureur de Castorama n’en est qu’à sa 2e saison chez les professionnels. Ni grimpeur, ni sprinteur, il est celui qui va populariser le terme « baroudeur ». Sa marque de fabrique ? Des longues, très longues échappées, rarement récompensées… Il reste 217 km à parcourir quand le Français décide de prendre la poudre d’escampette. Ils sont 4 à l’avant. « Quand j’attaque, ce n’est pas pour gagner, ça c’est clair ! Je voulais juste finir ». Très vite l’avance monte à 20 minutes. « J’ai vraiment commencé à penser à la victoire à une dizaine de kilomètres de l’arrivée. Dans le Bosberg, nous n’étions plus que deux avec Wegmuller, et il a lâché (…) Puis, à 5 bornes de l’arrivée, alors que j’étais tout seul, Eddy Merckx est venu à ma hauteur. Il était directeur de course à l’époque. Il m’a dit « petit, tu vas gagner le Tour des Flandres ». C’est vraiment là que j’ai compris que c’était dans la poche (…) Dans la dernière ligne droite, j’ai le souvenir de la tête des spectateurs, complètement hébétés de me voir là, en train de gagner (…) Un Français qui gagne le Tour des Flandres, c’était improbable ». Son style audacieux, il le gardera toute sa carrière, et  lui permettra de remporter deux titres de Champion de France, 3 étapes du Tour, et Paris-Tours (1998).

VIDEO CYCLISME

Le « Hold-Up » de Jacky Durand

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